Un climat de peur et d’incertitude s’est installé depuis quelques jours au sein de la Société des Radios et Télévision du Bénin (SRTB), ex-ORTB. À Cotonou comme dans les stations régionales, notamment à Parakou, les journalistes et autres agents apprennent, souvent par bribes, qu’un vent de licenciement massif souffle sur la maison. « C’est une même maison, aucune entité n’est épargnée », confie un confrère de la station régionale de Parakou. Selon plusieurs témoignages recueillis par LeParakois après l’alerte de visa info, les agents se disent insuffisamment informés et découvrent progressivement l’application de ce que la direction appelle une « réforme » ou un « plan social », sans en maîtriser ni les contours ni les conséquences réelles.
Cette inquiétude se nourrit de conditions de travail déjà jugées délétères. La SRTB fonctionnerait avec seulement sept caméras pour répondre à l’ensemble des demandes de reportage, dans un contexte de sous-effectif chronique. Le même personnel qui faisait tourner cinq organes est désormais appelé à en faire fonctionner sept, sans renfort notable. Pourtant, ces agents ont toujours fait preuve de dévouement et de professionnalisme, accompagnant l’État béninois dans la couverture de grands événements sportifs, culturels et institutionnels, tout en contribuant activement à la promotion de l’image du « Bénin qui change ».
À cette pression structurelle s’ajoute un profond malaise social. Un audit des compétences réalisé par le cabinet Resuform reste, selon les agents, caché au personnel et aux partenaires sociaux, accentuant le sentiment de manque de transparence autour du projet de licenciement. Les chiffres évoqués font froid dans le dos : 47 agents employés de service (AES) seraient déjà en cours de licenciement, avec près d’une centaine d’autres menacés. Les agents dénoncent également des tentatives d’écarter le syndicat du processus, l’organisation controversée d’élections de délégués du personnel pilotée par la DRH, ainsi que des décisions jugées illégales, comme l’exigence du retour d’agents en détachement ou le refus de valider des demandes de prêts bancaires.
Comme si cela ne suffisait pas, les traumatismes des événements du 7 décembre, au cours desquels des agents ont été séquestrés par des mutins, restent encore vivaces dans les esprits. Aujourd’hui à bout de souffle, ces hommes et femmes, pères et mères de famille, lancent un appel pressant au chef de l’État, Patrice Talon. Ils espèrent une intervention salvatrice et une rencontre directe, afin que le Président puisse mesurer leurs souffrances réelles, au-delà des rapports administratifs. À leurs yeux, un tel geste, surtout en cette fin d’année marquée par l’angoisse sociale, serait un signal fort d’écoute, d’humanité et de reconnaissance envers cette maison audiovisuelle, vitrine du Bénin sur le monde.
















