Sous les projecteurs de l’esplanade de l’hôtel Sounon Séro, Parakou a vibré ce samedi 22 novembre 2025 au rythme d’un événement devenu incontournable : la Nuit des Tresses Africaines, portée avec brio par une visionnaire, Rafatou Boro. Entre personnalités royales, dont Sa Majesté Akpaki Gobi Yinsè, Roi de Parakou, artistes, passionnés et férus des cheveux crépus, tous sont repartis avec un seul mot à la bouche : exceptionnel.
La troisième édition de la Nuit des Tresses Africaines a été un triomphe ce 22 novembre 2025 à Parakou. Pendant plus de trois heures, les mannequins qui ont défilé sur le podium ont fait briller l’Afrique et son riche héritage capillaire. Chaque tresse envoyait un message clair, celui d’une Afrique moderne fière et solidement enracinée dans sa culture.
Dès les premières minutes, le ton était donné : cette troisième édition ne serait pas seulement un défilé, mais un plaidoyer vivant, une célébration haute en couleurs, en volumes et en symboles. Trois passages, trois univers, trois tableaux pour défendre ce patrimoine capillaire trop longtemps délaissé : la beauté et la puissance du cheveu africain. « Chaque passage communique », répète Rafatou Boro. Et en effet, la mise en scène parlait d’elle-même.
Premier tableau : le retour triomphal des nattes
Les mannequins ouvrent la soirée avec des tresses protégées sous des perruques travaillées. Mais derrière le style, un message fort : nos nattes sont notre héritage, notre force, notre identité. Rafatou Boro ne mâche pas ses mots : la dépendance aux mèches importées et aux défrisants « vole » aux jeunes filles la santé de leurs cheveux, jusqu’à provoquer une calvitie précoce. Un phénomène, selon elle, « impensable du temps de nos parents ». Ici, elle appelle clairement à revaloriser nos cheveux crépus, à renouer avec nos pratiques ancestrales.
Deuxième tableau : le règne du crépu
Le deuxième passage a mis en valeur les cheveux crépus. Le public venu nombreux a vu ces cheveux dans toute leur majesté. Sculpté en formes audacieuses telles que téléviseur, ordinateur portatif, micro ou encore carte d’Afrique, ces cheveux sont devenus l’espace d’une soirée, un outil de communication, un symbole de sensibilisation et un élément d’affirmation culturelle.
Dans ce langage visuel étonnant, chaque création interpelle. Le poste téléviseur est un appel aux journalistes à défendre la souveraineté capillaire originelle africaine. L’ordinateur portatif, lui, fait un clin d’œil aux réseaux sociaux qui devront servir de canaux de diffusion et d’amplifier des messages de sensibilisation sur l’importance de porter ses cheveux crépus. Quant au micro porté par l’une des mannequins, il est une invitation à porter la parole le plus loin possible.
Un passage créatif, engagé, qui a rappelé à tous que le cheveu crépu n’est pas un problème à cacher, mais une matière noble, malléable, vivante et adaptable à la modernité.
Troisième tableau : hommage aux divinités baatombu
Pour clôturer la soirée, les mannequins dévoilent des tresses inspirées des cultes vodun baatombu. Ces mannequins se sont habillées et coiffées comme des adeptes de certaines divinités du Nord Bénin. Elles se distinguent par le port des cauris, symboles de prospérité et de sacré en milieu baatonu. « Il est temps qu’on dise oui à nos cultures, qu’on s’accepte tels que nous sommes », a martelé Rafatou Boro. Car, pour Rafatou Boro, un Béninois ou un Africain ne peut pas assumer son identité sans honorer ses racines.
Un pari réussi
Des professionnelles de la coiffure aux leaders associatifs, tous saluent le professionnalisme et la créativité de cette édition 2025. Marie-Claire Kadrayé, présidente de l’Association des coiffeuses, applaudit : « elle a fait preuve d’un professionnalisme admirable. La culture endogène a été bien valorisée, c’est ce que nous recherchons à la Chambre des métiers aujourd’hui. Elle a, par la même occasion, recommandé de promouvoir d’autres coiffures de la sous-région lors des prochaines éditions et de faire représenter des mannequins d’autres régions.
Même enthousiasme du côté de l’Union des femmes conseillères (UFEC 2ABCD), dont le coordonnateur Pierre Taïrou Dankoro promet un soutien total pour les prochaines éditions. « C’est formidable ce que nous venons de voir. Ce que nous venons de voir est un acte de leadership culturel. L’UFEC 2ABCD est prête à s’engager, parce qu’il s’agit de la femme, et tout ce qui concerne la femme, nous y sommes présents », a-t-il déclaré, satisfait. La marraine, Afidath Mayaki Douarou, fidèle au rendez-vous depuis trois ans, exprime sa fierté. Pour elle, « le perfectionnement était au top ».
La promotrice de l’événement, Rafatou Boro, était à la fois émue et fière. Elle a exprimé sa gratitude profonde à tous ceux qui l’ont soutenu. « Je vois que je ne suis pas seule dans ce combat. Merci à tous ceux qui soutiennent la Nuit des Tresses Africaines ». Le combat de redonner à la femme africaine la fierté de porter ses cheveux naturels, de raconter son histoire, de vivre sa beauté sans filtre.
A.O & Faradj Ali Yarou
















