Dans une atmosphère tendue et au terme d’une nuit mouvementée au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, l’Assemblée nationale béninoise a adopté très tôt ce samedi 15 novembre 2025 la révision de la Constitution, incluant la création d’un Sénat. Initiée par les députés Assane Seibou et Aké Natondé, cette modification, longtemps annoncée, a été votée à l’issue d’une séance houleuse ayant débuté la veille à 21 heures. Selon les chiffres officiels, les 4/5e requis ont été atteints malgré l’opposition ferme des 22 députés du parti Les Démocrates (LD), qui dénoncent une procédure entachée d’irrégularités. L’Assemblée nationale compte 109 députés, soutenus majoritairement par la mouvance présidentielle, qui a défendu la réforme comme une avancée institutionnelle renforçant la démocratie et le contrôle parlementaire.
Quelques heures après l’adoption, le député Antonin Midofi Hounga, élu de la 6e circonscription électorale sous la bannière de LD, a pris la parole pour dénoncer ce qu’il qualifie de « méthode peu orthodoxe » et de « voie écrasée ». Dans une déclaration virale sur les réseaux sociaux, il a dénoncé des pressions incessantes sur les élus de son parti durant les deux dernières semaines, affirmant que toute leur résistance a été brisée « au petit matin » grâce à des stratagèmes orchestrés en pleine séance : coupure d’électricité, substitution d’urnes et manipulation des décomptes. « Ils ont barré 18 pour réécrire 19 afin de faire croire à une majorité constitutionnelle atteinte », a-t-il expliqué, accusant nommément le rapporteur David Gbahoungba Mouinsa. Il appelle les éminentes personnalités présentes lors de la séance — notamment les professeurs Sylvain Maouillon, Victor Topanou et Ali Farid Bako — à témoigner de ce qui s’est passé sous leurs yeux.
Pour Les Démocrates, cette révision ne bénéficie d’aucune légitimité et constitue une dérive dangereuse pour la démocratie béninoise. « Nous ne pouvons plus faire confiance à la Cour constitutionnelle ni à la Cour suprême », a martelé Midofi Hounga, qui en appelle désormais directement au peuple. Ce vote controversé, marqué par une fracture politique majeure, risque de raviver le débat sur la gouvernance et la transparence au sommet de l’État. Alors que le gouvernement célèbre une victoire institutionnelle, l’opposition promet de poursuivre la bataille sur le terrain de l’opinion publique, avec comme enjeu la sauvegarde de l’intégrité de la Constitution béninoise.















