L’annonce faite à l’Assemblée nationale lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire, le 31 octobre 2025, relance le débat sur une nouvelle modification de la Loi fondamentale du Bénin. Selon le député Assan Seibou, l’un des initiateurs de la proposition, la création d’un Sénat constitue la principale motivation de cette initiative.
Adoptée le 11 décembre 1990, la Constitution béninoise avait déjà connu une première révision le 7 novembre 2019. Six ans plus tard, les députés Assan Seibou du Bloc Républicain (BR) et Natondé Aké de l’Union Progressiste – Le Renouveau (UP-R) déposent à nouveau sur la table du Parlement un projet de révision constitutionnelle.
Cette proposition, expliquent-ils, vise à doter le pays d’une nouvelle institution : le Sénat. Selon Assan Seibou, président du groupe parlementaire Bloc Républicain, cette chambre haute permettrait d’enrichir l’architecture institutionnelle et d’améliorer la gouvernance.
Mais l’initiative ne fait pas l’unanimité. Depuis son annonce, les réactions se multiplient au sein de la classe politique et de la société civile. La dernière en date est celle de Célestine Zannou, ancienne directrice de cabinet de l’ex-président Mathieu Kérékou, qui s’est vivement opposée à ce projet dans une déclaration publique.
« Par devoir, je prends la parole afin d’éviter de me rendre, par mon silence, complice de ce qui se trame contre le Bénin et son peuple », écrit-elle. Selon elle, la création du Sénat serait un prétexte pour instaurer une nouvelle République, avec des conséquences politiques « sismiques ».
L’ancienne collaboratrice du général Kérékou s’interroge sur la composition envisagée de cette future institution, qui inclurait, selon le projet, les anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale, de la Cour constitutionnelle ainsi que les anciens chefs d’état-major.
Pour Célestine Zannou, cette démarche serait une « technique politique méthodiquement manipulatrice » visant à « instrumentaliser la vulnérabilité » de certaines figures emblématiques de la vie nationale. Elle appelle ces anciens dirigeants à ne pas céder à ce qu’elle qualifie de « corruption par le prestige et la vanité ».
« Chers aînés, ne devenez pas le miroir de la servitude volontaire. Vous incarnez encore l’âme de ce peuple », implore-t-elle, tout en exhortant les personnalités concernées à « prendre la parole » pour préserver l’héritage démocratique du Bénin.
Alors que les débats s’annoncent houleux, la proposition de loi sur la révision constitutionnelle ouvre une nouvelle page du débat politique national. Faut-il ou non créer un Sénat au Bénin ? La question, déjà sensible, promet d’alimenter encore longtemps les discussions dans l’hémicycle et au sein de l’opinion publique.
A.O
















