A Djidja, l’une des huit communes béninoises où le Programme alimentaire mondial (PAM) expérimente depuis un anla modalité de Transfert monétaire direct ou Cash basedtransfer (CBT) dans les cantines scolaires, les groupements féminins Midjangodo (spécialisé dans le gari) et La Gloire du Christ (producteur de riz étuvé non poli) ont vu leur activité se structurer, leur capacité de livraisons’affiner et leurs revenus croître de manière significative.
A Dan, arrondissement de la commune de Djidja, le groupement de femmes Midjangodo, spécialisé dans la transformation du manioc en gari,a trouvé la clé de la prospérité. FranciscaAtinzovè, la trésorière ne cache pas sa fierté en évoquant les retombées de leur partenariat avec le PAMqui a fait des cantines scolaires leur principal débouché.
« Au cours de la dernière année scolaire, nous avons approvisionné sept écoles avec plus de neuf tonnes de gari, ce qui nous a rapporté plus de quatre millions de FCFA », témoigne-t-elle.Il y a encore peu, la réalité était tout autre. « Nous produisions de petites quantités de gari que nous avions même du mal à vendre sur les marchés » se souvient Francisca.
Mais depuis l’année scolaire 2024-2025, le PAM, à travers son approche pilote de Transfert monétaire direct, a offert au groupement Midjangodo un marché sûr et structurant. Cette stabilité leur permet désormais de planifier leur production, d’anticiper les livraisons et de constituer des stocks.
« Nous avons 10 à 12 sacs de 150 kilos en réserve. Nous allons les reconditionner dans des sacs de 50 kilos que nous allons livrer aux écoles », expliquait Francisca à la veille de la rentrée scolaire 2025-2026.
Plus de cinq millions de FCFA en un an
Midjangodo n’est pas un cas isolé. A Djidja, chef-lieu de la commune, le groupement La gloire du Christ a lui aussi vu son activité se transformer grâce au Transfert monétaire du PAM. Spécialisé dans le riz étuvé non poli, il est devenu un acteur clé de l’approvisionnement des écoles à cantine bénéficiaires de la modalité de Transfert monétaire direct en expérimentation.
« L’année dernière, nous avons commencé avec dix écoles, puis nous avons étendu notre couverture à vingt établissements. En tout, près de dix tonnes de riz étuvé non poli ont été fournies, pour un chiffre d’affaires de plus de cinq millions de FCFA », témoigne FirmineAgoligan, présidente de ce groupement de dix femmes.
Au-delà du stock déjà constitué, le groupement a pu mettre les bouchées doubles pour prévenir toute rupture. En amont de la nouvelle année scolaire démarrée ce 15 septembre et pour garantir une continuité sans faille dans les cantines, cinq tonnes de riz ont été décortiquées pour être conditionnées en sacs de 50 kilos, rassure FirmineAgoligan.
Firmine ne peut s’empêcher de comparer les volumes actuels produits par le groupement à ceux d’avant la collaboration avec le PAM: « Avant, nous produisions des quantités minimes que nous éprouvions des difficultés à vendre. Aujourd’hui, grâce au PAM, nous produisons plusieurs tonnes et réalisons des chiffres d’affaires que nous n’aurions jamais imaginés auparavant. »
Au-delà des chiffres et des volumes, FirmineAgoligan insiste sur ce que le partenariat avec le PAM a changé dans la vie des femmes du groupement.« Nous sommes contentes parce que nous avons décroché marché sûr et n’avons plus de difficultés à écouler notre production. C’est un grand soulagement », confie-t-elle, le sourire dans la voix.

Une idée novatrice
Au cœur de la transformation de ces deux groupements et de plusieurs autres fournisseurs locaux de la commune commela coopérative Mihalodo pour ne citer que celle-là, se trouve le Transfert monétaire direct. Il s’agit d’un projet mis en œuvre à titre pilote depuis la rentrée scolaire 2024-2025 dans le cadre du Projet intégré d’alimentation scolaire et de nutrition (PiASN) financé par les Pays-Bas et conjointement mis en œuvre par le PAM et l’UNICEF.
Comme l’explique Ali Ouattara, le Représentant-résident du PAM au Bénin dans une interview sur les dix ans de Journée africaine de l’alimentation scolaire, cette approche fait partie d’initiatives “novatrices” testées dans certaines écoles avant leur extension à l’échelle nationale.
Loin des méthodes classiques de distribution de vivres, elle consiste à transférer des fonds aux établissements ou aux comités de gestion pour l’achat des denrées, avec en toile de fond un double objectif : améliorer la valeur nutritive des repas servis aux écoliers, tout en stimulant l’économie locale par l’approvisionnement direct des cantines auprès des producteurs de la communauté. « Des études ont démontré que cette approche est plus efficiente que la distribution de vivres en nature » selon Ali Ouattara.
Grâce au Transfert monétaire direct que le PAM expérimente à Djidja, des groupements de femmes peuvent accéder à des marchés sûrs et durables, et amorcer leur véritable autonomisation.