Dans l’est de l’Afghanistan, atteindre le village de Ghonday relève du parcours du combattant : plusieurs heures de route chaotique suivies d’un sentier semé de rochers. Ici, les habitants vivent au rythme des secousses sismiques quotidiennes. Sherzad, l’un d’eux, confie son angoisse face à une maison qui paraît intacte mais qu’il n’ose plus habiter. Depuis le drame, il dort sous une tente, redoutant l’effondrement des murs à la moindre réplique. Le souvenir des blessés restés coincés sous les décombres hante encore le village, où la peur a remplacé toute sérénité.
Au-delà du traumatisme humain, les habitants voient aussi leurs moyens de subsistance s’effriter. Bergers pour la plupart, ils ont perdu une partie de leurs troupeaux, ressource vitale pour leur survie. La viande, la laine et la vente des animaux constituaient leur unique revenu. Désormais, même les chèvres sont retenues au village, loin des pâturages, par crainte d’autres effondrements. Cette précarité grandissante menace de plonger encore plus profondément Ghonday dans la misère.
Face à cette situation, les habitants oscillent entre espoir et désillusion. Abdul Sattar, frère de Sherzad, reconnaît l’aide des talibans pour soigner les blessés, mais juge cette assistance insuffisante face aux immenses besoins de reconstruction. Routes délabrées, maisons détruites et ressources réduites : tout indique que la vie normale ne reprendra pas avant plusieurs années. Dans l’attente, Ghonday reste suspendu, entre survie au quotidien et incertitude d’un avenir encore à rebâtir.