À l’approche de la prochaine Assemblée Générale de la Fédération Béninoise de Football, Dassouki Sidi Issifou, Premier Vice-Président des Buffles FC du Borgou, alerte sur l’enjeu stratégique de ce rendez-vous. Pour lui, il s’agit de la dernière fenêtre institutionnelle permettant de traduire en acte la volonté politique de professionnalisation du football national, impulsée par le Président Patrice Talon. La multiplication des subventions, la modernisation des infrastructures sportives, la structuration des clubs en sociétés sportives et l’investissement dans le football scolaire constituent, selon lui, les piliers d’un modèle déjà amorcé. Ce serait un gâchis, avertit-il, de ne pas couronner cet effort par la création d’une ligue professionnelle indépendante.
Actuellement, la ligue professionnelle reste une commission logée au sein de la fédération, ce qui limite considérablement son autonomie, son pouvoir d’innovation et sa capacité à séduire les partenaires commerciaux. Dassouki Sidi Issifou plaide pour une entité autonome, dotée d’une gouvernance forte et transparente, qui puisse gérer ses propres compétitions, droits télévisés, et stratégies de développement. À l’image du Maroc, de l’Afrique du Sud ou de l’Égypte, où les ligues professionnelles ont boosté le niveau de jeu, les revenus, et la visibilité internationale, le Bénin a aujourd’hui, selon lui, une opportunité historique d’emboîter le pas.
Mais une ligue professionnelle ne se décrète pas, insiste le dirigeant sportif. Elle se construit autour d’un projet clair : offrir un spectacle compétitif et attractif, créer une expérience immersive pour les supporters, renforcer la professionnalisation des clubs et valoriser la formation locale. Dassouki appelle à une stratégie de communication forte, s’appuyant sur les réseaux sociaux, les influenceurs et les médias, pour créer une véritable culture du football domestique. Il propose aussi que les week-ends au stade deviennent des rendez-vous familiaux et festifs, sources d’engouement populaire et de recettes durables.
Enfin, il avertit contre les pièges qui pourraient entraver cette mutation. Des résistances internes, le manque de compétences spécialisées en gestion sportive, l’insuffisante culture de consommation du sport, ou encore les risques de dérives liées à la mauvaise gouvernance peuvent freiner l’élan. « Ne pas décider, c’est renoncer », conclut Dassouki Sidi Issifou, pour qui cette Assemblée Générale doit entrer dans l’histoire comme le moment où le football béninois a osé changer de cap. Il en va de l’avenir d’une discipline qui unit les Béninois au-delà des clivages.