Un enregistrement de 36 secondes, généré par intelligence artificielle et habillé de la charte graphique de RFI, se propage sur Facebook et TikTok depuis le 22 juin. On y reconnaît (à tort) la voix d’un journaliste de la radio internationale, suivie d’une prétendue déclaration d’Emmanuel Macron critiquant Faure Gnassingbé et la suspension des fréquences de RFI et France 24. RFI dément formellement avoir diffusé ce « journal » et rappelle qu’aucun propos de ce type n’a jamais été tenu par le président français. Les experts qui ont analysé le fichier confirment qu’il s’agit d’un deepfake audio, monté sur une image que la rédaction avait publiée cinq jours plus tôt.
L’infox survient dans un climat politique déjà électrique : le 16 juin, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) togolaise a suspendu RFI et France 24 pour trois mois, les accusant d’« atteinte à la stabilité des institutions ». Depuis, les réseaux sociaux ont pris le relais de l’information et restent le principal terrain d’affrontement narratif. Le faux journal a engrangé plus de deux millions d’écoutes en quelques jours, alors même que les manifestations anti-pouvoir sont dispersées à coups de gaz lacrymogène et que les heurts à Lomé se multiplient.
RFI a saisi la HAAC et les plates-formes concernées pour exiger le retrait immédiat de la vidéo et l’ouverture d’une enquête, tandis que la Fédération internationale des journalistes et le CPJ dénoncent une « stratégie d’intimidation » mêlant coupure d’antenne et campagnes de désinformation. Pour ces organisations, l’épisode illustre la facilité avec laquelle les outils d’IA peuvent saper la crédibilité des médias à l’approche d’échéances politiques sensibles et appelle à renforcer l’éducation aux médias ainsi qu’un encadrement clair de l’usage des deepfakes.