Des images de rues barricadées, de pneus en flammes et de nuages de gaz lacrymogène ont envahi les réseaux sociaux de puis le 26 juin 2025 à Lomé. Pendant trois jours, des milliers de Togolais ont bravé l’interdiction de manifester pour exiger la fin du régime incarné par Faure Gnassingbé : jets de pierres contre grenades, poursuites jusque dans les maisons et matraquages ont rythmé cette guérilla urbaine, tandis que l’armée déployait blindés et unités spéciales dans les quartiers d’Onigbé, Akodessewa et Bè.
La riposte a laissé un lourd tribut. Des organisations de la société civile recensent au moins sept morts – dont deux mineurs – et des dizaines de blessés graves, certains opérés pour fractures multiples. Quatre corps ont été repêchés dans la lagune de Bè et le lac d’Akodessewa, tandis que d’autres victimes sont mortes en marge des heurts. Les autorités parlent de « noyades accidentelles » ; les ONG dénoncent un « usage aveugle de la force » et des arrestations massives, parfois motivées par le simple port de vêtements rouges, couleur devenue symbole de la contestation.
Des témoins signalent la présence de nervis cagoulés agissant de concert avec les forces de l’ordre. Amnesty International fait état de détenus torturés et de sévices infligés en garde à vue, tandis que la coalition citoyenne « Mains hors de ma Constitution » dénonce des coupures sporadiques d’Internet destinées à étouffer la mobilisation. Malgré les accusations de violences, le gouvernement loue « le professionnalisme des forces » et maintient l’interdiction de toute marche future.
Au cœur de la colère populaire se trouve la réforme constitutionnelle du 3 mai 2025 : elle a dépouillé la présidence de ses pouvoirs pour les concentrer entre les mains d’un nouveau « président du Conseil des ministres » sans limite de mandat, poste désormais occupé par Faure Gnassingbé, déjà au pouvoir depuis 2005. Pour les manifestants, cette manœuvre confisque la transition démocratique promise depuis des années. Alors que les appels au dialogue international se multiplient, la société civile togolaise promet de poursuivre la contestation « par tous les moyens légaux » jusqu’au rétablissement des libertés publiques et de véritables réformes électorales.