Depuis les bombardements israéliens du 27 juin qui ont visé Nabatiyeh et Beaufort Ridge, relançant la crainte d’une escalade régionale, le débat sur les armes du Hezbollah s’est brusquement intensifié à Beyrouth. Des formations longtemps prudentes — y compris des figures centristes et plusieurs députés indépendants — demandent désormais, sinon le désarmement immédiat, du moins un calendrier ferme pour la remise des armes au seul État libanais.
Le spectre politique se polarise : une minorité persiste à défendre la « résistance armée » face à Israël ; le parti chrétien des Forces libanaises, emmené par Samir Geagea, évoque ouvertement la contrainte si nécessaire ; entre les deux, un bloc grandissant plaide pour un désarmement négocié afin d’éviter toute dérive vers la guerre civile. L’inquiétude porte d’autant plus sur la cohésion de l’armée que, lors de précédentes confrontations internes, l’institution s’était trouvée fragmentée le long de lignes communautaires — un scénario que nul ne souhaite revivre.
Le président Joseph Aoun défend cette troisième voie. Fort de neuf ans à la tête des Forces armées, il multiplie les messages à Washington pour obtenir du temps : il propose un dialogue bilatéral avec le Hezbollah, adossé au retrait israélien des cinq collines encore occupées et à la fin des frappes quasi quotidiennes dans le Sud. « 2025 doit être l’année du monopole de l’État sur les armes », martèle-t-il, tout en jugeant qu’une opération coercitive « éclaterait l’armée ».
Le Hezbollah, pour sa part, se dit disposé à discuter d’une « stratégie de défense nationale », mais seulement une fois les bombardements israéliens stoppés ; son numéro 2, Naim Qassem, prévient qu’il « ne permettra à personne de le désarmer » et qu’une tentative de force « servirait l’ennemi ». Le face-à-face publique entre ces lignes rouges laisse le pays au bord d’un choix crucial : négocier une transition progressive vers le monopole de l’État sur la violence légitime, ou risquer qu’un nouveau cycle de violences internes rouvre les vieilles plaies de la guerre civile.