Le feuilleton politique autour du limogeage du ministre Paulin Akponna connaît un tournant judiciaire. Moins de vingt-quatre heures après son départ du gouvernement, l’ancien patron de l’Énergie, de l’Eau et des Mines a reçu, par exploit d’huissier ce vendredi 27 juin 2025, une citation directe l’enjoignant de comparaître pour « diffamation » devant le tribunal de première instance de Cotonou le 16 juillet prochain. À l’origine de la plainte : son prédécesseur, Samou Seidou Adambi, qui s’estime gravement diffamé par les propos tenus six jours plus tôt à Titirou (Parakou), où Akponna avait fustigé « des siphonneurs du budget national » auteurs de « détournements portant sur des dizaines de milliards ».
Cette passe d’armes intervient sur fond de recomposition gouvernementale et ravive les rivalités au sein d’un portefeuille stratégique qui a vu défiler trois titulaires en moins de dix ans. Ingénieur hydraulicien de formation, Akponna, considéré comme un proche du chef de l’État, avait succédé à Adambi en janvier 2025 avant d’être brusquement débarqué ce jeudi, officiellement pour « fautes graves de gestion ». De son côté, Adambi – figure de l’ancienne garde ministérielle – assure que les accusations d’« enrichissement illicite », de « politicien véreux » et de « délit de détournement » prononcées à son encontre ne reposent sur « aucun fait vérifiable » et portent « atteinte à son honneur ». Il exige réparation devant la juridiction pénale, laquelle pourrait, en cas de condamnation, infliger à Akponna une peine de prison avec sursis et de lourds dommages-intérêts, conformément à la loi 2015-07 sur le Code du numérique et à l’article 306 du Code pénal béninois.
Au-delà du duel personnel, l’affaire interroge la gouvernance du secteur énergétique et la transparence dans l’exécution des projets phares – de la couverture nationale en électricité aux forages villageois. Les observateurs y voient aussi un test pour la nouvelle charte de déontologie gouvernementale annoncée par le président Patrice Talon au lendemain du remaniement. Les auditions prévues courant juillet seront scrutées de près : elles pourraient soit clore un contentieux strictement judiciaire, soit ouvrir la voie à des poursuites élargies pour gestion frauduleuse des deniers publics. Dans l’immédiat, la convocation d’Akponna ajoute une dose d’incertitude à un exécutif en quête de stabilité à quatre mois de la prochaine session budgétaire.