Washington met les bouchées doubles pour accréditer le récit d’un « succès total » contre le programme nucléaire iranien. Depuis l’allocution triomphale de Donald Trump, le 22 juin, affirmant que les frappes américaines avaient « anéanti » les sites de Fordo, Natanz et Ispahan, la CIA et la direction du renseignement national se relayent pour confirmer l’ampleur des dégâts. Le patron de la CIA, John Ratcliffe, puis la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, ont tous deux soutenu que les nouvelles données recueillies prouvent la destruction effective des installations visées .
Mais cette démonstration tourne au bras de fer interne : un rapport préliminaire du Pentagone, divulgué dans la presse, estime que les frappes n’ont retardé le programme iranien que de quelques mois, satellite à l’appui . La fuite a provoqué la colère du président, qui dénonce une tentative de « saper la victoire ». Pour contrer le doute, la Maison-Blanche multiplie communiqués, points presse et images déclassifiées, quitte à donner l’impression d’une opération de communication improvisée, destinée autant à rassurer l’opinion américaine qu’à maintenir la cohésion au sein de la majorité républicaine.
Téhéran, loin de se laisser impressionner, a riposté sur le terrain médiatique : le guide suprême, Ali Khamenei, a publiquement raillé les déclarations de Washington et brandi ses propres évaluations de « dégâts superficiels », tandis que l’Iran exhibe des images de centrifugeuses présentées comme intactes . Dans ce duel de narratifs, chacun cherche à imposer sa vérité avant la publication définitive de l’évaluation des dommages par l’Agence internationale de l’énergie atomique – et, surtout, avant toute éventuelle escalade militaire.