Samedi 21 juin dernier à Parakou, une sortie médiatique du ministre Paulin Akpona, soutenu par l’ex-député Rachidi Gbadamassi, a ravivé les tensions au sein du Bloc Républicain. Chantre de la loyauté au pouvoir en place, le Ministre Conseiller à la défense et à la sécurité affiche une posture contraire à ses déclarations habituelles.
« Il faut être du côté de celui qui a la farine pour bénéficier de la pâte » – cette maxime, régulièrement répétée par Rachidi Gbadamassi, sonne désormais creux. L’ancien député de la 8e circonscription électorale, longtemps connu pour son alignement stratégique avec les figures fortes du pouvoir, vient d’opérer un virage aussi brusque qu’inattendu.
En soutenant la diatribe du ministre Paulin Akpona contre son successeur Samou Séidou Adambi, Gbadamassi prend résolument le contrepied de sa ligne habituelle. Pour l’ex député de la huitième circonscription électorale, le développement doit être conditionné à la loyauté électorale. Aujourd’hui, il cautionne les propos vindicatifs de Ministre contre son prédécesseur, l’accusant de n’avoir pas investi à Titirou et Okédama à cause du choix politique des populations.
Ce changement de ton serait peut-être plus audible si Gbadamassi lui-même n’avait pas été silencieux – voire complice – pendant les années où Samou Séidou Adambi gérait le ministère de l’Eau et des Mines d’une main jugée exclusive. À cette époque, Gbadamassi était toujours membre actif du Bloc Républicain, tout en résidant à Parakou, au cœur même de l’arène politique locale. Pourquoi n’a-t-il pas élevé la voix plus tôt ?
Plus encore, en tant qu’ancien maire de Parakou, quel bilan peut-il réellement brandir ? A-t-il réussi à impulser une transformation notable de la ville, ou son mandat fut-il marqué par la gestion routinière d’un pouvoir local sans relief ?
Certes ce n’est pas la première fois que Gbadamassi prend une posture qui s’oppose à ses engagements antérieurs, mais cette versatilité devient agaçante. Sa carrière politique est jalonnée de volte-face, de déclarations à double sens et de positionnements ambigus. Une versatilité qui, à force, fragilise sa crédibilité.
En politique, on peut changer d’avis. Mais lorsque ces revirements s’enchaînent sans cohérence, ils traduisent moins une stratégie qu’un opportunisme désespéré.
Reste à savoir si cette nouvelle prise de position de Gbadamassi relève d’un calcul politique personnel – pour exister à nouveau dans le débat public – ou d’un malaise plus profond au sein du Bloc Républicain. Quoi qu’il en soit, cette sortie démontre une fois de plus que dans la politique béninoise, les convictions ne pèsent parfois pas plus lourd que les circonstances.