Alors que le paysage politique béninois s’anime à l’approche des élections générales de 2026, la Fcbe, longtemps considérée comme marginalisée au sein de l’opposition, tente une reconquête de son image. Dans une sortie médiatique notamment sur la Web télévision Guérite Tv monde, Aboubakar Yaya, membre influent du parti, s’en est pris frontalement aux Démocrates, tout en envoyant des signaux d’ouverture vers la mouvance présidentielle. Une posture révélatrice d’une double stratégie de légitimation et de repositionnement.
Redorer l’image d’un parti affaibli
Depuis le départ de Boni Yayi et la création du parti Les Démocrates, la Fcbe peine à s’imposer comme une force majeure de l’opposition. Accusée de connivence avec le pouvoir, absente du cadre de concertation des partis d’opposition, la Fcbe a vu son espace politique rétréci. En rappelant que la Fcbe est “le plus vieux parti de l’opposition” et en insistant sur son attachement à la paix, Aboubakar Yaya cherche à réaffirmer la légitimité historique et morale de son parti face aux attaques, notamment de la part des Démocrates.
Des attaques ciblées contre Les Démocrates
Les critiques contre le parti de Boni Yayi ne sont pas anodines. En affirmant connaître “celui qui a fait la liste des Démocrates” en 2023 et en déclarant qu’ils se sont “agenouillés” pour participer aux élections, l’ancien maire de parakou tente de renverser le stigmate : celui du “faux opposant” ne serait plus la Fcbe, mais bien le LD. Derrière cette charge, l’objectif est clair : détourner la suspicion, disqualifier un concurrent direct dans l’opposition, et reprendre la parole sur la scène politique.
Une ouverture calculée vers la mouvance
Plus surprenant, Aboubakar Yaya n’écarte pas une alliance parlementaire avec des partis de la mouvance comme Moele-Bénin ou la Renaissance nationale. Une déclaration qui pourrait être perçue comme une trahison par l’opposition traditionnelle, mais qui répond à une logique pragmatique : garantir une présence parlementaire en cas d’isolement. En s’appuyant sur les dispositions du code électoral qui autorisent les coalitions, la Fcbe se laisse une marge de manœuvre stratégique, quitte à brouiller les lignes.
Code électoral : conservatisme ou réalisme politique ?
Contrairement aux Démocrates qui réclament une relecture du code électoral, la Fcbe, par la voix de Yaya, plaide pour son application avant toute modification. Ce refus de s’associer aux revendications d’une large frange de la société civile et de l’opposition semble traduire une volonté de se distinguer… mais aussi un positionnement modéré, qui laisse penser que la Fcbe ne veut pas s’associer à un bras de fer frontal avec le régime. Une posture qui alimente les soupçons d’une opposition “tempérée”, voire “tolérée”.
Absence du cadre de concertation : victime ou exclue ?
L’ancien ministre affirme que son parti a été écarté du cadre de concertation de l’opposition. En affirmant que “c’est eux qui ne veulent pas de nous”, il tente de renverser l’accusation d’isolement en plaidant la main tendue. Pourtant, l’absence de la Fcbe dans les luttes collectives menées par l’opposition depuis plusieurs années renforce l’image d’un parti à part, aux alliances fluctuantes.
Un discours ferme, mais défensif
Face aux critiques, Aboubakar Yaya adopte un ton ferme : “Désormais, ce sera du tic au tac.” Un changement de posture qui vise à montrer que la Fcbe ne se laissera plus marginaliser ni attaquer sans réagir. Mais derrière la fermeté apparente, transparaît une posture défensive. Le parti semble toujours chercher sa place entre une opposition plus radicale et une mouvance dont il refuse l’étiquette, mais avec laquelle il n’exclut pas une collaboration.
En quête d’une nouvelle crédibilité
La sortie médiatique d’Aboubakar Yaya s’inscrit dans une stratégie de repositionnement électoral : se réapproprier l’image d’une opposition sérieuse, ouverte mais ferme, et déstabiliser la concurrence directe à gauche. Reste à savoir si ce discours suffira à convaincre une opinion publique de plus en plus méfiante face aux jeux d’alliances et aux repositionnements de dernière minute.