La polémique autour de la supposée disparition du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) révèle les limites de la loi sur le système partisan en vigueur au Bénin. En réponse à un courrier du ministère de l’Intérieur considérant le PRD comme fondu et donc dissous dans l’Union Progressiste (UP), Me Adrien Houngbédji a opposé une argumentation juridique pointue, rappelant que seule une décision de congrès extraordinaire statuant à la majorité des trois quarts peut prononcer la dissolution d’un parti. Selon lui, aucune telle procédure n’a été menée, et les récépissés délivrés au PRD après la signature de l’accord de fusion confirment sa survivance légale.
Cette situation met en lumière un vide juridique ou, à tout le moins, une ambiguïté dans l’interprétation des textes régissant la vie des partis. La loi n°2018-23, censée clarifier le paysage politique, semble aujourd’hui incapable de trancher avec rigueur entre fusion politique et dissolution organique. En admettant sans vérification la disparition d’un parti sans la production des procès-verbaux de congrès de dissolution ni publication au Journal Officiel, l’administration ouvre la voie à des interprétations partisanes et dangereuses. Ce flou, exploité politiquement, révèle que les rédacteurs de la loi n’ont pas anticipé les scénarios conflictuels post-fusion, laissant le champ libre aux rapports de force et aux lectures intéressées.
L’affaire PRD–UP, qui vire à un duel juridique et politique entre deux figures majeures du barreau béninois – Me Adrien Houngbédji et Me Joseph Djogbénou – illustre parfaitement cette impasse. L’ancien président de la Cour constitutionnelle, devenu chef de l’Union Progressiste le Renouveau, est accusé de vouloir effacer le PRD sans respecter les formes requises par les statuts ni les prescriptions de la Charte des partis politiques. Jusqu’où ira ce bras de fer ? Et surtout, la Cour constitutionnelle, souvent arbitre dans les grandes batailles politiques, sera-t-elle saisie pour clarifier une loi qu’elle-même a parfois validée sans en anticiper les conséquences ?