À peine retiré de la scène politique, l’ancien président sénégalais Macky Sall se retrouve au cœur de lourdes accusations qui entachent la fin de son règne. De nombreux rapports, tant officiels qu’indépendants, font état d’irrégularités budgétaires massives, de soupçons de corruption systémique et de décisions controversées, notamment le report jugé inconstitutionnel de l’élection présidentielle de 2024. Ce climat de suspicion jette une ombre sur son héritage politique et affaiblit considérablement sa crédibilité à l’international, alors même que circulent des rumeurs insistantes sur sa volonté de briguer le poste de Secrétaire général de l’ONU à la fin du mandat d’António Guterres.
Cette ambition internationale, encore non confirmée publiquement, serait pourtant soutenue dans certains cercles occidentaux, notamment à Paris. Des indiscrétions évoquent des échanges confidentiels entre Macky Sall et Emmanuel Macron, dans la perspective d’un repositionnement diplomatique de l’ancien président après son retrait du pouvoir. Mais cette perspective suscite de vives tensions à Dakar, où le tandem Diomaye Faye–Ousmane Sonko s’attèle à un profond assainissement de la gouvernance. Leur promesse de transparence et de justice rend difficile toute tentative de réhabilitation politique sans passer par un examen rigoureux des faits reprochés à l’ex-président.
La nouvelle ère qui s’ouvre au Sénégal prend des allures de rupture historique. Plusieurs ex-ministres de Macky Sall, dont Mansour Faye et Aissatou Sophie Gladima, sont déjà sous les verrous ou ciblés par des enquêtes judiciaires. Ces affaires, liées notamment à la gestion opaque des fonds COVID-19, révèlent l’ampleur d’un système que la nouvelle administration entend démanteler. Macky Sall, bien qu’encore libre, reste dans le viseur de la justice sénégalaise. Toute ambition internationale risque désormais de buter sur l’exigence de reddition de comptes exigée par l’opinion publique et incarnée par un pouvoir qui affiche sa détermination à rompre avec l’impunité.