Ce samedi 24 mai 2025, trois députés de l’opposition, Habib Woroucoubou et Raouf Sariki de la 8ᵉ circonscription électorale, ainsi que Moucouré Malan de la 7ᵉ, ont effectué une descente remarquée à Tandou, un village de l’arrondissement de Kika dans la commune de Tchaourou. Leur objectif : constater de visu la pose de grosses pierres par les autorités béninoises sur une piste reliant Tandou au village nigérian de Taberou. Pour ces élus du parti Les Démocrates, il s’agit d’un acte grave, qu’ils qualifient d’« hérésie politique » et de « manquement au bon sens ».
Sur le terrain, les populations ont exprimé leur désarroi devant cette obstruction physique qui entrave une voie séculaire servant à des échanges sociaux et commerciaux transfrontaliers. Le député Habib Woroucoubou, visiblement indigné, a dénoncé un choix politique nocif dicté par une volonté de bloquer l’exportation du soja vers le Nigéria, au nom d’une politique de transformation locale que le gouvernement peine à concrétiser. « Vous posez des pierres sur une piste que les populations ont ouverte pour répondre à un besoin vital. Est-ce qu’on a supprimé ce besoin ? », s’interroge-t-il, tout en rappelant que la période de commercialisation du soja ne couvre qu’un quart de l’année.
Les députés dénoncent en effet une incohérence flagrante dans l’application de la politique agricole et industrielle du gouvernement. Alors que l’exécutif affirme vouloir transformer localement la production nationale, des autorisations d’exportation auraient été accordées à des sociétés privées, selon les élus. « Près de 150 000 tonnes de soja sont aujourd’hui sur le point d’être exportées par deux sociétés, alors même que très peu d’unités de transformation sont opérationnelles », a martelé Habib Woroucoubou, s’appuyant sur des constats effectués à la GDIZ, la zone industrielle de Glo-Djigbé.
Cette visite de terrain s’inscrit dans une série d’actions de veille parlementaire et de dénonciation des dérives de gouvernance observées dans le cadre de la mise en œuvre de la loi de finances 2025. Les élus appellent à plus de transparence et de sincérité dans l’exécution des politiques publiques, particulièrement en matière d’agriculture et de coopération transfrontalière. Pour eux, entraver les voies rurales sous prétexte de lutte contre le trafic illicite, sans alternative claire et efficace pour les populations, constitue une faute politique et un mépris des réalités locales.



