Depuis sa démission du gouvernement, Candide Azannaï semble être devenu une figure politique aux positions fluctuantes, tantôt proche des cercles du pouvoir, tantôt en adversaire féroce. Son parcours est semé de contradictions : tour à tour allié et opposant des présidents successifs du Bénin, il incarne à la fois une part de mystère et de provocation dans le paysage politique national. L’ancien ministre de la Défense, qui a longtemps été vu comme un soutien de poids pour plusieurs gouvernements, n’hésite pas aujourd’hui à attaquer ses anciens alliés avec une virulence qui étonne, même ses plus fervents admirateurs. Après avoir été aux côtés du Général Kérékou, puis contre lui, comme avec Yayi et maintenant Patrice Talon, Azannaï semble parfois agir comme une boussole politique erratique, provoquant tour à tour l’adhésion et l’incompréhension.
Sa dernière sortie en date contre Patrice Talon, son ancien ami et allié politique, a de quoi interpeller. Ces attaques à répétition, particulièrement virulentes, soulèvent une question essentielle : que cherche réellement Candide Azannaï ? Est-il en quête de reconnaissance, d’une légitimité qu’il estime perdue, ou simplement dans une démarche de purification politique ? Dans ses récentes interventions, il semble se positionner comme l’un des rares à détenir la “vérité” politique du pays, comme si, seul, il détenait la lumière. Un comportement qu’il justifie parfois par une posture de “l’élu” ou de “l’éclairé” devant conduire le pays à sa véritable destinée. Mais cette auto-proclamation en tant que guide de la nation ne fait qu’aggraver l’interrogation sur ses réelles intentions.
Une politique de coups de gueule stériles ?
À la question de savoir pourquoi ces attaques semblent n’apporter aucune solution concrète aux problèmes du pays, une réponse s’impose : les sorties de Candide Azannaï, à force d’être répétitives et sans fondement pratique, ressemblent plus à des coups de gueule qu’à une véritable contribution politique. Son langage reste souvent hermétique à toute proposition constructive. Ses critiques, bien que parfois fondées sur des désaccords profonds avec la gestion des affaires de l’État, semblent manquer de vision ou de plans d’action viables. Plutôt que de proposer des solutions à long terme pour le développement du Bénin, l’ancien ministre semble se concentrer sur l’attaque pure et simple de ses anciens alliés politiques, ce qui en fait une figure clivante et difficile à saisir pour l’opinion publique.
Un homme dans l’ombre de ses contradictions ?
Cette ambiguïté de la posture d’Azannaï soulève une question fondamentale : qu’est-ce qui n’a pas marché pour lui ? Pourquoi ce besoin incessant de se démarquer à travers la critique plutôt que la construction ? À chaque fois qu’il se rapproche du pouvoir, il s’en éloigne violemment, parfois sans explication claire. Sa relation avec Patrice Talon, par exemple, est un cas d’école : après avoir été un fervent défenseur du président, il se retrouve aujourd’hui à l’attaquer violemment, sans que personne ne comprenne vraiment ce qui a pu justifier un tel retournement.
On peut également s’interroger sur l’impact réel de ses déclarations sur le terrain politique. La scène politique béninoise, déjà fragilisée par des polémiques récurrentes et des dissensions internes, semble être une fois de plus mise à mal par un homme qui, au lieu de jouer un rôle de médiateur ou d’acteur constructif, préfère allumer des feux de paille. La question qui se pose est donc la suivante : les sorties d’Azannaï apportent-elles quelque chose de positif à la République ? Ou s’agit-il simplement de discours stériles et déstabilisateurs qui ne font que précipiter un peu plus la confusion ?
L’éclairé ou l’égaré ?
En fin de compte, Candide Azannaï incarne la figure paradoxale de celui qui se veut l’éclairé, tout en multipliant les incohérences politiques. À travers ses multiples prises de position, il montre une image d’un homme qui peine à se positionner, oscillant entre une ambition personnelle de s’imposer comme leader et une vision politique incertaine. Si Azannaï s’est toujours voulu comme une figure indépendante et éclairée, ses récentes sorties contre les uns et les autres ne font qu’alimenter une image floue, à la fois de révolte et de déstabilisation. Dans ce contexte, sa position sur la scène politique semble de plus en plus ancrée dans un exercice solitaire, où le seul éclairage qu’il semble apporter est celui de l’obscurité et du doute.