La ville de Nikki est en deuil. Le dimanche dernier, autour de 14h, l’Imam central Abdoul Karim Sylla a tiré sa révérence, laissant derrière lui un empire bouleversé par cette perte. Plus qu’un guide religieux, il était une figure essentielle de la structure traditionnelle de Nikki, où la religion musulmane s’est progressivement intégrée dans la gestion de la royauté. Depuis plusieurs générations, l’Imam central joue un rôle clé aux côtés de l’Empereur, conjurant les sorts et priant pour la prospérité du royaume. Selon le maire Roland Lafia, cette place n’a cessé de grandir au fil du temps, rendant aujourd’hui impensable un empire sans son Imam.
Dans une interview accordée à LeParakois après l’inhumation, le maire de Nikki a souligné l’importance historique de cette autorité religieuse. “Le peuple Wasangari, traditionnellement guerrier, s’est toujours appuyé sur les prières et les bénédictions de l’Imam pour préparer ses batailles”, a-t-il rappelé. L’Imam est non seulement un conseiller de l’Empereur, mais aussi un acteur central dans les grandes cérémonies de l’Empire. De la prière du vendredi aux bénédictions de la fête de Don Conro, en passant par son rôle décisif lors de la Gaani, son influence dépasse le simple cadre spirituel. Son domicile, connu sous le nom d’”Imamou”, est d’ailleurs une étape incontournable du parcours rituel de l’Empereur, qui y reçoit ses bénédictions avant de poursuivre les festivités.
Face à cette perte, la succession de l’Imam suscite déjà de nombreuses attentes. “Un Empire de Nikki sans Imam ne peut rien régler”, a insisté le maire, précisant que la désignation d’un successeur est une urgence. Il a rappelé que cette charge est héréditaire, transmise au sein d’une famille spécifique, choisie pour sa puissance spirituelle et mystique. Malgré certaines contestations sur l’influence croissante de l’Islam dans la royauté, il est indéniable que l’Imam central occupe aujourd’hui une place incontournable aux côtés de l’Empereur, au même titre que les chefs traditionnels et les dignitaires du palais.
Alors que la communauté musulmane de Nikki se prépare à la prière du troisième jour ce mercredi à 10h à Maro, le maire Roland Lafia a tenu à adresser un message d’unité et de sérénité. “Je présente mes condoléances à toute la communauté islamique et à l’Empereur, qui pleure son guide spirituel. J’appelle chacun à la patience et à l’acceptation du nouvel Imam qui sera désigné. C’est un choix qui doit être fait dans la paix et dans le respect des traditions”, a-t-il déclaré. Un nouveau chapitre s’ouvre pour Nikki, où l’histoire et la religion continuent de s’entrelacer dans la préservation de l’identité de l’Empire.