Dans un contexte où les divergences politiques exacerbent souvent les tensions, Latifou Alassane, président de l’Association pour la Sauvegarde de la Paix et de l’Unité en Afrique (ASPUA), propose une vision structurante de l’engagement politique. Selon lui, trois catégories d’individus coexistent dans la sphère politique : les observateurs silencieux, les opposants critiques et les acteurs du pouvoir. Si cette classification semble évidente, il insiste sur le fait que ces trois groupes ne sont pas antagonistes, mais interdépendants. Pour Alassane, le véritable enjeu est de sortir des schémas de confrontation systématique pour bâtir une dynamique politique où chaque acteur contribue, à sa manière, au progrès collectif.
C’est dans cette optique qu’il prône une refonte idéologique basée sur le panafricanisme. Selon lui, l’Afrique souffre moins d’un manque de talents politiques que d’un déficit de vision commune. L’opposition et le pouvoir, au lieu de s’inscrire dans un cycle de rivalité stérile, devraient œuvrer à la concrétisation des aspirations populaires. « L’opposition naît des frustrations du peuple, tandis que les dirigeants sont le produit du besoin d’ordre et de stabilité. Ce sont deux forces complémentaires qui doivent apprendre à coexister et à collaborer dans un cadre structuré », affirme-t-il. À ses yeux, le panafricanisme constitue une base idéologique capable de transcender les intérêts partisans et de fédérer les énergies autour d’un objectif commun : l’autonomie et le développement de l’Afrique.
Mais ce projet exige un « changement de paradigme » profond, impliquant une remise en question des pratiques politiques actuelles. Pour Latifou Alassane, il ne s’agit pas seulement de discours, mais d’actions concrètes qui doivent être portées par une élite politique et citoyenne consciente de sa responsabilité. « Il ne suffit pas d’accéder au pouvoir, encore faut-il en faire un instrument de transformation positive », rappelle-t-il. Son appel va donc au-delà des clivages traditionnels : il exhorte à une prise de conscience collective et à une gouvernance qui privilégie l’intérêt général sur les ambitions personnelles. Une vision audacieuse qui, si elle est adoptée, pourrait amorcer une nouvelle ère politique en Afrique.