Le procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo, ancien cadre du ministère des Finances disparu en 2010, connaît un rebondissement inattendu, ravivant de vieux souvenirs chez les Béninois. L’organisation soudaine et spectaculaire du procès, en pleine période électorale, rappelle à certains la communication excessive autour du scandale ICC-Services en 2011. À l’époque, ce dossier avait occupé le devant de la scène judiciaire et médiatique à la veille de la présidentielle, dans un contexte où le pouvoir cherchait à redorer son blason. Aujourd’hui, avec l’affaire Dangnivo qui refait surface, nombreux sont ceux qui s’interrogent : assiste-t-on à une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, ou est-ce simplement une volonté de vérité et de justice après plus d’une décennie d’attente ?
Au-delà du symbole, le déroulement du procès soulève des interrogations. Les déclarations successives des autorités et la mise en scène médiatique entourant cette affaire ne sont pas sans rappeler la manière dont ICC-Services avait été géré, avec un matraquage communicationnel à outrance. Certains observateurs voient dans cette réactivation une tentative de diversion ou un moyen de peser sur l’opinion publique à l’approche d’échéances politiques cruciales. Si la volonté de faire la lumière sur cette disparition reste légitime, le contexte et le timing intriguent. Pourquoi ce procès refait-il surface précisément maintenant, après plus de dix ans d’inaction ? Qui tire les ficelles et dans quel but ? Autant de questions qui alimentent les spéculations et renforcent le sentiment de méfiance d’une partie de la population.
Face à ces doutes, beaucoup de Béninois préfèrent attendre le verdict avant de se prononcer définitivement. « Si c’est un procès pour la vérité et la justice, tant mieux. Mais si c’est encore une manœuvre pour servir des intérêts politiques, on finira par le savoir », confie un citoyen sceptique. La prudence reste donc de mise, car l’histoire récente du pays a prouvé que les grandes affaires judiciaires ne sont pas toujours déconnectées des agendas politiques. Reste à voir si cette audience aboutira à des révélations crédibles et à une justice impartiale, ou si elle rejoindra la longue liste des affaires instrumentalisées qui finissent par s’évanouir après les échéances électorales.