La troisième journée du procès sur l’affaire Dangnivo a été marquée par des échanges tendus entre les avocats et le colonel Séverin Koumassegbô, ancien chef de la sécurité présidentielle. Me Baparapé a notamment cherché à savoir pourquoi ce dernier s’était personnellement impliqué dans l’affaire au point de se rendre chez plusieurs personnes liées au dossier et s’il avait un informateur nommé Priso. À cela, l’officier a opposé un démenti formel. De son côté, Me Olga Anassidé a tenté d’éclaircir les liens éventuels entre Pierre Urbain Dangnivo et la Présidence de la République, interrogeant le colonel sur la possibilité que l’ancien cadre du ministère des Finances ait été un habitué des lieux. L’officier a affirmé n’en avoir aucune idée et a précisé que tout passage de Dangnivo aurait dû être enregistré dans un registre dont l’existence actuelle reste incertaine.
L’audience a aussi révélé des transactions financières intrigantes. Le colonel a reconnu avoir été au Palais présidentiel le 17 août 2010, date clé dans l’affaire, mais il affirme ne pas être au courant d’un éventuel appel d’un garde présidentiel à l’ex-ministre Bernard Lani Davo pour une remise d’argent à Donatien Amoussou, l’un des détenus dans ce dossier. Il a cependant admis avoir lui-même reçu une somme d’un million de francs CFA du chef de l’État en prévision d’un voyage à Parakou, avant d’être retenu à Cotonou sur instruction présidentielle. Face aux questions sur la finalité de cet argent, il a assuré qu’aucune discussion n’avait eu lieu avec le chef de l’État à ce sujet. Il a aussi nié avoir eu des relations avec Enock Laourou à l’époque des faits.
Pour lever les zones d’ombre qui persistent, le président de la cour, Guillaume Lally, a ordonné plusieurs vérifications, dont l’extraction d’un détenu afin qu’il identifie les lieux d’une altercation présumée, la vérification des chantiers sur l’avenue de la Marina en 2010 et la récupération des procès-verbaux d’audience du palais présidentiel de l’époque. Une équipe sera également envoyée au bureau d’Enock Laourou pour tester si un bruit pouvait être entendu depuis la baie des officiers, lieu clé dans cette affaire. L’audience a été suspendue et reprendra mercredi prochain, laissant entrevoir de nouveaux développements dans ce procès qui continue de susciter de nombreuses interrogations.