Le procès tant attendu de l’affaire Dangnivo s’est enfin ouvert ce mardi 11 mars 2025 devant le tribunal de première instance de Cotonou, après plusieurs années de report. Les accusés Codjo Cossi Alofa et Donatien Amoussou, poursuivis respectivement pour assassinat et complicité d’assassinat de Pierre Urbain Dangnivo, ont livré des témoignages édifiants. Dès les premières heures de l’audience, le juge a tenu à rappeler que ce procès s’inscrit dans la continuité de celui engagé il y a plusieurs années et que les faits incriminés datent de 2010. Tandis que la partie civile, représentée par Me Olga Anassidé, a insisté sur l’accès aux preuves matérielles, les accusés ont, quant à eux, contesté les charges qui pèsent sur eux et dénoncé un complot orchestré à des fins politiques.
Interrogé par le juge, Codjo Cossi Alofa a nié connaître Pierre Urbain Dangnivo et a dénoncé ce qu’il considère comme un piège tendu par les forces de l’ordre à l’époque. Selon son témoignage, son implication dans l’affaire découlerait d’une arrestation pour vol de moto, avant d’être manipulé par des agents de sécurité qui lui auraient promis une somme d’argent et une protection en échange d’aveux fabriqués. Plus encore, il affirme avoir été exfiltré de la prison de Missérété en 2015 par des hommes en uniforme, qui l’auraient conduit jusqu’à la frontière togolaise avec pour consigne de disparaître. Son retour volontaire au Bénin et son extradition depuis le Togo jettent une lumière nouvelle sur l’affaire et posent la question d’éventuelles manœuvres politiques derrière cette disparition.
Le co-accusé Donatien Amoussou, de son côté, a relaté comment il s’est retrouvé dans cette affaire après avoir signalé la découverte d’un véhicule suspect, qui s’avérera plus tard être celui de Dangnivo. Il explique avoir été contacté par un colonel de la sécurité présidentielle, qui lui aurait demandé de faire passer un téléphone portable à une radio locale, demande qu’il aurait refusée. Son arrestation et son implication ultérieure dans le dossier lui apparaissent dès lors comme une machination orchestrée pour protéger de hauts responsables. Ces accusations, couplées aux révélations de Codjo Alofa, viennent remettre en question la version officielle des faits et soulèvent de nombreuses interrogations quant aux véritables commanditaires de l’assassinat présumé de Pierre Urbain Dangnivo. La suite du procès, prévue pour ce mercredi 12 mars 2025, promet d’être décisive pour la manifestation de la vérité.