La mise en garde du député sénégalais Guy Marius Sagna sur le code électoral béninois résonne toujours avec force, plusieurs mois après son intervention à Abuja le 20 juillet 2024. Lors de la session parlementaire de la CEDEAO, il dénonçait vigoureusement les réformes engagées par le président Patrice Talon, les qualifiant de dangereuses pour la démocratie béninoise. En particulier, il alertait sur la barre des 20 % de suffrages exigée dans chacune des 24 circonscriptions administratives pour qu’un parti puisse avoir des représentants à l’Assemblée nationale. Une exigence qui, selon lui, ne vise qu’à instaurer un parti unique en excluant de fait l’opposition et en verrouillant l’espace politique.
Cette alerte reste d’actualité, car à l’approche des élections générales de 2026, l’opposition et la société civile béninoise continuent de dénoncer un code électoral taillé sur mesure pour favoriser les partis au pouvoir. Malgré les protestations nationales et les mises en garde internationales, aucune réforme n’a été entreprise pour assouplir ces règles. Pire, le climat politique reste tendu avec la persistance des détentions de figures de l’opposition, une situation que Sagna avait également critiquée en appelant à la libération des prisonniers politiques. Son discours rappelait que la CEDEAO ne devait pas être une simple spectatrice de la dérive autoritaire au Bénin, mais qu’elle avait la responsabilité d’exiger des conditions électorales justes et inclusives.
Le silence de la CEDEAO et de la communauté internationale face à ces inquiétudes légitimes conforte l’idée que la démocratie béninoise est en danger. L’alerte de Sagna demeure donc intacte, car les signes de fermeture politique qu’il dénonçait en juillet 2024 se renforcent avec l’approche des scrutins de 2026. L’opposition béninoise et les défenseurs des libertés peinent à se faire entendre, et les réformes électorales contestées restent en vigueur. Le Bénin, jadis cité en exemple pour sa stabilité démocratique, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Faudra-t-il attendre une crise politique majeure pour que les institutions régionales et internationales prennent enfin la mesure du danger ?