La récente décision du gouvernement de taxer le charbon de bois s’inscrit dans une volonté de transition énergétique, visant à limiter la déforestation et encourager l’usage du gaz domestique. Cependant, cette mesure soulève une problématique majeure : la capacité des ménages à adopter cette alternative. Si en milieu urbain, l’utilisation du gaz est déjà relativement répandue, elle demeure encore marginale en milieu rural, où le charbon reste l’énergie de cuisson la plus accessible et abordable. Cette taxation, perçue comme une contrainte supplémentaire pour les foyers modestes, interroge sur la faisabilité d’un basculement massif vers le gaz sans accompagnement adéquat.
Un coût du gaz encore dissuasif
Comparé aux pays voisins comme le Togo, le Burkina Faso ou le Niger, le prix du gaz domestique au Bénin reste relativement élevé, ce qui limite son accessibilité pour une large partie de la population. À cela s’ajoutent les coûts initiaux d’acquisition d’une bouteille de gaz et d’un réchaud, un investissement que de nombreux ménages, notamment en zone rurale, peinent à réaliser. Cette situation alimente des interrogations sur l’engagement réel de l’État à rendre cette transition viable. Une subvention plus conséquente du gaz domestique pourrait être une solution pour accompagner les foyers et éviter une crise énergétique dans les ménages les plus vulnérables.
Un accompagnement nécessaire pour une transition réussie
Si l’objectif de cette réforme est louable sur le plan environnemental, elle ne saurait être efficace sans un dispositif d’accompagnement adapté. Une sensibilisation accrue sur les avantages du gaz, couplée à des aides financières pour réduire son coût, serait essentielle pour éviter que cette mesure ne creuse davantage les inégalités énergétiques. Sans cela, il existe un risque réel que de nombreux ménages continuent d’utiliser le charbon de manière informelle ou recherchent des alternatives encore plus nuisibles pour l’environnement. Une transition énergétique réussie passe nécessairement par une politique inclusive, prenant en compte les réalités socio-économiques des populations concernées.