Le festival des Vodun Days, cet événement majeur célébrant les cultes endogènes du Bénin, s’est une fois encore tenu avec faste et ferveur. Mais cette édition 2025 a eu une saveur particulière pour les fils et filles du Nord Bénin. Pour la première fois, trois grandes voix de la musique septentrionale – Amy Mako, Barasunon et Kunpan – ont brillé sur la scène de cet événement culturel emblématique. C’est une reconnaissance historique de la richesse artistique du Nord, trop souvent éclipsée par les grandes manifestations culturelles nationales.
Cette prise en compte, fruit d’un plaidoyer acharné mené par plusieurs cadres et influenceurs originaires du septentrion, représente une victoire éclatante pour l’unité culturelle nationale. Elle prouve qu’en travaillant ensemble, il est possible de construire des ponts entre les différentes régions du pays, rendant hommage à l’immense diversité qui fait la richesse du Bénin.
Cependant, si cette avancée est à saluer, il est important de rappeler que le chemin vers une véritable inclusion culturelle et cutuelle est encore long. Le festival des Vodun Days reste largement dominé par les représentations des divinités et cultes du Sud du Bénin. Or, le Nord, avec ses croyances et cultes ancestraux, regorge également d’une spiritualité riche et unique qui mérite d’être mise en lumière lors de cet événement qui s’internationalise.
Les divinités et rites endogènes du septentrion doivent trouver leur place dans ce festival censé représenter l’âme cultuelle du pays tout entier. Ces rites et sacrifices ne sont pas seulement un patrimoine pour le Nord, mais une partie intégrante de l’identité béninoise. Les divinités foisonnent dans le septentrion. Il suffit de chercher. Chez les Baatombu, par exemple, il y a des divinités telles que le Wuuru, le Sambaani, le Buka Kaaru, le Ogu etc. Chez les Bètammaribé, on a la divinité Kouiyé. Que dire de l’ère culturelle Tanéka dans la Donga? Le Tchagnélhoun et Koronhou (dieu de natalité), du Founhou (dieu fondateur des quatre villages de Tanéka-Béri) ou Djelkola, Nelkpimgala (dieu du purgatoire) ou encore Tchahtanhou qui signifie dieu de la jeunesse et
Gnahou (dieu de la grande célébration kpama). Des réalités endogènes du nord mais moins citées à des occasions nationales.
Cela permettra aux participants ainsi qu’aux Béninois d’avoir conscience de l’existence de ces divinités. De voir autres choses que les Egunguns, les danses Sakpata, Mami, Ganbada … Ce sera une occasion pour le public de découvrir les adeptes des divinités du septentrion, leurs danses et leurs rites. Les Vodun Days, c’est désormais quatre jours qui pourraient permettre aux organisateurs de ce festival de proposer au public un programme assez riche, innovant, inclusif et diversifié.
Rendre les Vodun Days plus inclusifs, c’est aussi reconnaître que la les réligions endogènes sont une mosaïque éblouissante de rites et de cultes issus de toutes les régions du pays. Les organisateurs du festival doivent aller plus loin dans leur démarche d’ouverture. Une telle démarche renforcerait l’unité nationale et ferait des Vodun Days un véritable miroir de la diversité béninoise.
Le but de cette chronique est donc d’appeler à une réflexion plus large, ambitieuse et inclusive pour les prochaines éditions. Les Vodun Days doivent devenir un espace où chaque Béninois, quelle que soit son origine régionale, peut se reconnaître et s’enorgueillir de la richesse cultuelle de son héritage. C’est à cette condition que ce festival atteindra pleinement son objectif : célébrer l’identité régligieuse originelle du Bénin dans toute sa splendeur et sa diversité.
Faradj Ali Yarou