L’intervention de Me Renaud Agbodjo, avocat de Reckya Madougou, sur France 24 lundi dernier, a jeté une lumière crue sur une affaire devenue emblématique des défis liés à la démocratie et aux droits humains au Bénin. Alors que le pays se prépare aux élections générales de 2026, l’emprisonnement de Reckya Madougou demeure une plaie ouverte, interrogeant les principes de justice et de liberté dans un État prétendument démocratique.
Une détention arbitraire dénoncée par l’ONU
Lors de son passage, Me Agbodjo a rappelé avec force que le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire avait conclu à l’absence de preuves tangibles contre sa cliente. Ce dernier avait déclaré sa détention comme étant « arbitraire » et exigé sa libération immédiate. Cependant, le gouvernement béninois reste sourd à ces injonctions internationales, illustrant une volonté politique qui, selon l’avocat, refuse de dépasser des ressentiments personnels.
« La mise en œuvre des recommandations de l’ONU est bloquée par un refus manifeste de considérer l’opposition comme un acteur politique légitime », a déploré Me Agbodjo, mettant en cause le président Patrice Talon.
Les séquelles des tensions électorales
Reckya Madougou, ancienne ministre et figure de proue de l’opposition, avait été arrêtée en 2021 à la veille des élections présidentielles controversées. Accusée de financement de terrorisme, des charges que beaucoup considèrent comme montées de toutes pièces, elle a été condamnée à 20 ans de prison par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Pour Me Agbodjo, cette affaire illustre une instrumentalisation de la justice à des fins