Le mercredi 27 novembre 2024, le Bloc Républicain a rencontré, à son siège national de Cotonou, une délégation du Cadre de Concertation des Partis de l’Opposition (CCP). Cette réunion, axée sur la proposition d’auditer le fichier électoral, s’est soldée par un rejet catégorique de l’initiative par le parti présidentiel, au même titre que l’Union Progressiste le Renouveau. Mais au-delà des communiqués officiels, cette rencontre soulève des interrogations cruciales sur la nature et les objectifs réels de ce dialogue politique.
Un rejet aux motivations floues ?
L’audit du fichier électoral, proposé par l’opposition, se voulait une mesure de transparence visant à renforcer la confiance dans le processus électoral, à l’approche des échéances de 2025. Pourtant, le refus du Bloc Républicain de s’associer à cette démarche soulève des doutes. Pourquoi rejeter une initiative qui pourrait dissiper les soupçons de manipulation électorale ? L’argument juridique, selon lequel l’actualisation des listes électorales serait déjà encadrée par la loi, semble insuffisant pour convaincre une partie de l’opinion publique, qui s’interroge sur la volonté réelle du pouvoir d’assurer des élections irréprochables.
Un dialogue au service de la légitimité du pouvoir ?
En acceptant de rencontrer le CCP, le Bloc Républicain a montré une ouverture apparente. Cependant, cette posture pourrait être interprétée comme une stratégie politique visant à légitimer un processus où les marges de négociation semblent limitées. En effet, les termes du dialogue apparaissent fortement déséquilibrés : d’un côté, une opposition qui revendique plus de transparence et de garanties ; de l’autre, un parti au pouvoir campé sur ses positions et appuyé par un arsenal légal qu’il a lui-même façonné.
Un agenda masqué, mais de quel côté ?
Le Bloc Républicain accuse l’opposition de poursuivre un « agenda politique masqué », évoquant des velléités de révision du code électoral ou de déstabilisation du processus électoral. Mais cette rhétorique pourrait également être retournée contre le pouvoir. En s’opposant à l’audit, le parti présidentiel risque de conforter ceux qui l’accusent de chercher à verrouiller les mécanismes électoraux pour préserver son emprise sur les institutions.
Les enjeux d’un audit refusé
Pour l’opposition, l’audit du fichier électoral est une pierre angulaire dans la quête d’élections crédibles. Ce rejet renforce les perceptions de méfiance entre les acteurs politiques et risque d’alimenter un climat préélectoral tendu. La crédibilité du processus électoral, déjà mise à mal par des controverses passées, pourrait en pâtir davantage.
Quelle voie pour le consensus ?
Dans ce contexte, la véritable question est de savoir si le dialogue entre pouvoir et opposition peut aboutir à un consensus. Le refus systématique de considérer certaines revendications, même symboliques, peut compromettre la dynamique de collaboration nécessaire pour apaiser les tensions.
Le Bloc Républicain et ses alliés gagneraient à adopter une posture moins rigide, non pas pour céder aux pressions, mais pour renforcer leur propre crédibilité. Quant à l’opposition, elle devra démontrer que ses propositions ne sont pas simplement des prétextes pour délégitimer le pouvoir, mais des contributions sincères à la consolidation démocratique.
En définitive, au-delà des calculs politiques, c’est la confiance des citoyens dans le système électoral qui est en jeu. Le dialogue, pour être productif, doit dépasser les suspicions mutuelles et placer l’intérêt national au-dessus des intérêts partisans.