À Parakou, l’inactivité de certains marchés continue de poser problème. Parmi eux, le marché de Ganon, situé dans le premier arrondissement, est déserté depuis près de 20 ans. Malgré l’existence d’un site commercial dans ce quartier, cet espace reste inutilisé, suscitant des interrogations sur son impact économique et social.
Rumeurs et blocages communautaires
Malgré les initiatives des autorités locales pour réhabiliter le marché, les habitants restent méfiants. Une croyance populaire tenace freine son occupation. Selon les témoignages recueillis sur le terrain, la première personne qui y exercerait une activité commerciale serait vouée à mourir. Cette superstition, bien que contestée par certains, maintient un climat de crainte.
Narcisse Agbo, un habitant, estime toutefois que cette croyance est infondée. « Je ne comprends pas pourquoi le marché de Ganon est désert. On dit que le premier qui y vendra mourra, mais c’est une rumeur sans fondement. Une vieille dame y travaille depuis des années sans aucun problème » a-t-il déploré.
Malgré les efforts déployés, prières interreligieuses, cérémonies traditionnelles et messages de sensibilisation, les commerçants hésitent à investir les lieux. Le chef de quartier, Madou Zounvegandé, partage son désarroi : « Nous avons tout tenté pour rassurer les habitants, mais ils refusent toujours de s’installer. »
Les traditions au cœur de la problématique
Selon Sa Majesté Oba Olouwo Agbayé Asika Ekun, gardien des traditions, cette situation pourrait résulter d’un manque de respect des pratiques rituelles nécessaires à l’ouverture d’un marché. D’abord, le tradipraticien s’inscrit en faux aux rumeurs avancées faisant état du décès de la première personne à s’installer sur le marché. « Ces rumeurs sont infondées. Toutefois, avant d’ouvrir un marché, il faut effectuer des rituels pour obtenir la bénédiction des ancêtres et des esprits de la terre. Ces traditions n’ont pas été respectées, et cela crée un blocage », explique-t-il.
Henri Yolou, sociologue, souligne l’importance spirituelle des marchés dans les croyances locales : « Les marchés ont une âme. Il est impératif de consulter le Fâ avant leur création pour s’assurer de l’accord des génies et déterminer les sacrifices nécessaires. »
Investissements et mobilisation collective : une voie vers la relance
Au-delà des considérations spirituelles, des infrastructures modernes pourraient redonner vie au marché. Adrien Yolou, sage du quartier, appelle les autorités à agir concrètement. « Si le gouvernement investit et notamment la mairie, dans des installations adéquates, comme des hangars modernes, cela encouragera les commerçants à s’y installer » a-t-il recommandé.
Un enjeu crucial pour l’économie locale
Réactiver le marché de Ganon pourrait dynamiser l’économie de Parakou et améliorer le quotidien des habitants. Cependant, une solution durable nécessitera une collaboration entre autorités, leaders traditionnels et communauté locale. Avec des efforts concertés, ce site déserté pourrait devenir un véritable moteur économique pour la ville et ses environs.
A.O