À chaque rentrée scolaire, l’euphorie des premiers jours laisse rapidement place aux réalités complexes que vivent les écoles publiques, notamment en termes d’infrastructures. À Parakou, et plus précisément à l’École Primaire Publique (EPP) Guèma Ouest, située dans le troisième arrondissement de la ville, les défis sont particulièrement aigus. Manque de salles de classe, mobilier insuffisant et effectifs pléthoriques constituent le quotidien de cet établissement, comme l’a souligné Yacoubou Sobabè, président de l’association des parents d’élèves de l’école.
L’un des principaux problèmes rencontrés à l’EPP Guèma Ouest est l’absence de salles de classe adéquates. “On a au moins trois classes qui ne sont pas en matériaux définitifs”, a confié Yacoubou Sobabè. Après des années de lutte pour obtenir de nouvelles infrastructures, un module de classe a finalement été promis, mais reste inachevé. En attendant, les élèves sont contraints d’étudier dans des appatams, de simples abris en matériaux précaires, peu adaptés aux conditions climatiques rigoureuses du nord du Bénin, avec l’harmattan, la saison des pluies et la chaleur extrême qui s’annoncent.
Le manque de mobilier scolaire aggrave également la situation. “Les enfants sont entassés, assis quatre par table, ailleurs, ils sont même assis à même le sol pour recopier les cours”, a déploré Sobabè. Cette situation engendre non seulement des difficultés pédagogiques, mais affecte aussi l’apprentissage des élèves.
Du côté des enseignants, le constat est tout aussi amer. Médard Alfa, enseignant de CE2 à l’EPP Guèma Ouest, exprime ses difficultés à gérer une classe surchargée de 130 élèves. “Ils sont même assis 5 ou 6 sur une même table”, précise-t-il, ajoutant que cela complique grandement le déroulement normal des cours. Malgré son expérience, il doit constamment trouver des solutions pour maintenir un minimum de calme en classe. Le manque d’espace contraint l’enseignant à céder son bureau pour permettre à certains élèves de recopier les leçons.
Un autre problème majeur concerne l’absence de clôture autour de l’école, une situation qui met en péril la sécurité des enfants. Les allers-retours incontrôlés des élèves, combinés à la proximité d’une grande voie, augmentent le risque d’accidents. Ce danger constant est une préoccupation pour les enseignants et les parents, qui demandent une intervention rapide des autorités.
Face à cette situation, les acteurs locaux plaident pour une intervention rapide des autorités compétentes. “Nous nous adressons aux autorités ministérielles pour qu’elles fassent tout leur possible afin que notre école soit dans des conditions favorables de travail”, a déclaré Yacoubou Sobabè, tout en insistant sur la nécessité d’achever les travaux du module de classe avant la fin du premier semestre. Médard Alfa, quant à lui, appelle à la création d’un troisième groupe pédagogique pour alléger la charge des deux groupes actuels, une mesure qui pourrait partiellement résoudre la surcharge des classes.
L’éducation étant le socle du développement, il est crucial que toutes les parties prenantes collaborent pour améliorer les conditions dans lesquelles les enfants béninois reçoivent leur formation. Seule une réponse coordonnée et soutenue peut permettre à l’école béninoise de retrouver sa grandeur d’antan.
A.O