Le 26 août 2024 marque un tournant décisif dans le secteur minier burkinabè. Simon Tiemtoré, magnat des affaires et patron de Lilium Capital, a mis fin à un long différend avec le géant minier canadien Endeavour Mining. Au cœur de cette réconciliation, un accord complexe supervisé par la junte militaire du Burkina Faso, qui a vu l’État prendre possession des mines d’or de Boungou et Wahgnion, initialement achetées par Lilium en juin 2023 pour 300 millions de dollars.
Une transaction sous haute surveillance
La signature de trois conventions entre Lilium Capital, Endeavour Mining, et l’État burkinabè s’inscrit dans une dynamique de pacification, pilotée par le ministre des Finances, Aboubakar Nacanabo. Dans cet accord, l’État s’engage à verser 60 millions de dollars à Endeavour, montant financé par la vente de l’or extrait à Wahgnion, tout en octroyant au groupe canadien des royalties de 3 % sur 400 000 onces d’or. Ce compromis met fin aux procédures arbitrales lancées par Endeavour contre Lilium à Paris et à Londres, réclamant près de 224 millions de dollars pour non-respect des obligations contractuelles.
Wahgnion et Boungou : deux mines, deux enjeux
La mine de Wahgnion, située dans une région relativement stable du sud-ouest du Burkina Faso, continue de produire environ 2 tonnes d’or par an. En revanche, la mine de Boungou, dans l’est du pays, a cessé ses activités en raison des menaces sécuritaires. L’accord prévoit que Lilium, tout en cédant la mine à l’État, continuera de gérer Wahgnion jusqu’à fin 2024, période durant laquelle Lamissa Barro a été nommé nouveau directeur général du site.
Les acteurs clés de la négociation
Sous l’impulsion de Nacanabo, les discussions ont vu l’implication directe de Simon Tiemtoré, de Souleymane Boly, directeur pays d’Endeavour, ainsi que de plusieurs hauts responsables des deux entités, dont Mohamed Ba de Vista Bank et Ian Cockerill, PDG d’Endeavour. Ce dernier, en poste depuis janvier 2024, avait hérité d’une situation délicate après l’éviction de son prédécesseur, Sébastien de Montessus, qui avait conclu l’accord initial avec Tiemtoré.
une réconciliation stratégique
Cet accord symbolise non seulement une réconciliation entre deux puissants acteurs économiques, mais également un tournant pour l’avenir minier du Burkina Faso. Alors que le pays cherche à renforcer ses recettes fiscales dans un contexte sécuritaire tendu, cet épisode montre que, sous la pression diplomatique et économique, des compromis stratégiques sont possibles, même dans les contextes les plus complexes.