La relation entre le Bénin et ses voisins continue de se détériorer. Alors que les tensions entre le Bénin et le Niger semblent en passe d’être résolues, une nouvelle crise apparaît entre le pays de Patrice Talon et le Togo voisin. Après le Nigeria, le Niger, et le Burkina Faso, c’est désormais au tour du Togo de connaître des frictions avec le Bénin.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, les relations de voisinage avec les autres pays de la sous-région, surtout ceux frontaliers au Bénin, ne sont plus ce qu’elles étaient. À peine arrivé au pouvoir, la donne a commencé à changer. Le Bénin, autrefois reconnu pour son attachement aux relations de bon voisinage, se voit peu à peu isolé. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les événements de ces dernières années, marqués par l’absence fréquente des présidents des pays voisins lors des grandes manifestations officielles au Bénin, jadis considérées comme un leitmotiv et une école de référence pour le dialogue.
Tout d’abord, c’est le Nigeria qui a pris l’initiative en fermant ses frontières avec le Bénin pendant plusieurs mois, sans les rouvrir jusqu’à l’arrivée au pouvoir du président Bola Ahmed Tinubu, permettant enfin de voir le bout du tunnel. Deux pays voisins qui, jadis, entretenaient de bonnes relations, ont soudainement commencé à se regarder en chiens de faïence. Même si les raisons de cette crise n’ont jamais été clairement élucidées, elle a cependant révélé les limites de la diplomatie béninoise.
À peine le pays se remet-il de cette lune de fiel prolongée avec son grand voisin, qu’une nouvelle tension naît avec un autre pays voisin important pour l’économie béninoise : le Niger. Tout a commencé avec les sanctions de la Cédéao prononcées contre le Niger après le coup d’État du 26 juillet 2023. Le Bénin et le Niger, qui avaient toujours entretenu de très bonnes relations, peinent depuis plus d’un an à surmonter leur méfiance réciproque. Malgré les multiples tentatives de réconciliation, y compris la médiation des anciens présidents béninois Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi auprès des nouvelles autorités nigériennes, les frontières restent toujours fermées du côté nigérien, bien que l’évolution de la situation laisse entrevoir une issue positive. Ce qui suscite des inquiétudes, c’est que le Bénin n’est pas le seul pays de la Cédéao à avoir appliqué les sanctions de l’organisation sous-régionale contre le Niger. Même le Nigeria, qui assure la présidence de la Cédéao, a respecté cette décision, mais les relations entre le pays de Tinubu et le Niger se sont rapidement rétablies.
Et qui parle du Niger, parle également du Mali et du Burkina Faso, compte tenu du lien désormais étroit entre ces trois pays avec la création de l’Alliance des États du Sahel. Parlant justement du Burkina Faso, la lune de miel entre Ibrahim Traoré et Patrice Talon, qui s’était rendu au pays des hommes intègres, a récemment pris fin. Par voie de presse interposée, les autorités béninoises et burkinabés ne se sont pas épargnées. Le président burkinabé Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État, a critiqué le Bénin d’abriter des bases militaires étrangères sur son territoire. Une déclaration mal accueillie par les autorités béninoises.
Le Togo, seul pays voisin sur lequel le Bénin pouvait encore compter, bien que les relations se soient refroidies selon certaines indiscrétions, voit à son tour ses relations avec Cotonou se compliquer. L’affaire de l’enlèvement de Steve Amoussou sur le territoire togolais, un citoyen béninois réfugié à Lomé, par des individus présumés venus du Bénin le lundi 12 août 2024, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Selon les résultats de l’enquête ouverte par les autorités judiciaires togolaises, il ressort que quatre individus ayant kidnappé Steve Amoussou sont de nationalité béninoise, dont l’un est responsable d’une structure étatique béninoise rattachée à la présidence. Bien que le Togo, par la voix du procureur de la République Talaka Mawama, n’ait pas directement accusé les autorités béninoises, ni la justice béninoise, il a néanmoins condamné des “faits commis sur le territoire togolais, en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale, s’analysant en l’incrimination d’enlèvement ou séquestration au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal”.
Le Bénin vient encore de s’illustrer négativement sur le plan régional, ajoutant un autre voisin à sa liste de relations tendues. Une situation qui inquiète la majorité des Béninois, au vu des impacts négatifs que cette politique adoptée depuis 2016 a dans plusieurs secteurs, qu’ils soient socio-politiques, culturels ou économiques.
A.O