La modification du code électoral par les députés de la neuvième législature en mars dernier continue de susciter des controverses au sein de l’opinion publique nationale. Alors que l’Église catholique, par le biais de la Conférence Épiscopale du Bénin, appelle à une relecture consensuelle de cette loi électorale querellée, soulignant qu’elle pourrait menacer la paix et la stabilité future, les imams du Bénin exhortent au respect de la loi votée et promulguée par le Chef de l’État malgré les contestations.
Cette position, soutenue par l’Union islamique du Bénin, suscite déjà des réactions et des critiques vives au sein de la communauté musulmane. Compte tenu de la polémique entourant le contenu du code électoral, de nombreux fidèles musulmans ne se retrouvent pas dans l’attitude de leurs leaders religieux, qui appellent au respect de cette loi controversée.
Dans une déclaration lue ce dimanche 23 juin 2024 à Parakou, les imams du nord du pays, ainsi que ceux d’autres régions, appuyés par l’Union islamique à travers son président, ont clarifié la position de la communauté islamique du Bénin concernant la relecture du code électoral. “L’islam est régi par la loi, et c’est par cette loi que le prophète Mahomet a gouverné le monde musulman. À cet effet, nous appelons au respect des textes de la République, à la laïcité de l’État, et surtout au code électoral voté et promulgué par le président de la République, au nom de la cohésion nationale et de la paix sociale,” ont-ils déclaré.
À cette occasion, les imams ont également exprimé leur soutien au président Patrice Talon. Selon certains observateurs, cette prise de position a été perçue comme une ingérence politique de la part des leaders religieux. Les critiques estiment que les imams, censés être des éveilleurs de conscience et des promoteurs de la paix, mettent en péril la cohésion sociale et leur propre dignité en prenant une telle position partisane.
Selon des sources bien informées, des influences cachées pourraient être derrière cette posture des imams, autrefois considérés comme des figures de fierté pour la communauté. “Les imams demandent que les confessions religieuses ne s’occupent pas de politique, mais quand ils expriment leur soutien au président Talon, que font-ils ?” s’interroge Idrissou, interrogé par notre équipe de reporters. Il ajoute : “Les imams doivent faire preuve de sagesse et prôner la paix en recherchant un consensus autour du code électoral.”
Ainsi, la position de la communauté islamique du Bénin est loin de faire l’unanimité au sein des musulmans. Les imams doivent en être conscients et revoir leur posture afin de préserver l’honneur de la religion islamique, qui n’est autre que la “paix”.
Anselme ORICHA