C’est une première sous la rupture, qu’une personne critique aussi vertement Patrice Talon et son gouvernement sans être inquiétée. Kémi Séba, presque chaque jour les nargue et même les défie avec une frénésie à nulle autre pareille. Face au redoutable porteur du mouvement anti-français, le patron de la Marina et son arsenal judiciaire visiblement amorphes végètent dans un bégaiement qui ne leur ressemble pas. Comme une “souris saoulée qui connait carrefour de chat”, le régime de la rupture qui n’ont jamais eu de la main légère à embastiller toutes les voix discordantes, bouchent leurs oreilles aux frasques et cris d’orfraie de celui qui se fait se réclame panafricaniste.
Inimaginable ! Talon a bien croisé garçon, pour parler en langage de rue. Depuis plus deux ans, il fait l’objet de vives et accablantes critiques de la part du bouillant Kémi Séba. Extraordinaire que cela puisse paraître, le chantre de la rupture et son clan n’ont eu le courage de réagir.
Pourtant sous ce régime, des activistes, étudiants, hommes et femmes politiques sont régulièrement arrêtés et jetés en prison pour des propos moins graves. Bientôt plusieurs mois que Kémi Séba accable Talon. Il ira plus loin en défiant sur tous les toits le Chef de la rupture et la redoutable Criet. Mais depuis motus. Le gouvernement se contente du service minimum à travers ses activistes notamment les plus courageux d’entre eux. Les plus audacieux, disais-je serpentent sur les réseaux sociaux, laissant mollement quelques réactions dignes d’une capitulation. De simples citoyens n’auraient tenu autant de propos qu’ils se seraient retrouvés au tréfonds des geôles. Les motifs devenus courants sous la rupture : “Atteinte à la sûreté de l’Etat” ; complot contre l’État ; “blanchiment des capitaux” pour les plus en vue ; “harcèlement par voie électronique” ou encore “décharge émotionnelle par des moyens électroniques” pour les faibles, aucun motif pour d’autres.
Oh Kémi Séba, c’est gros, c’est lourd, c’est imprenable. Le rouleau compresseur devient méconnaissable. Lui qui a toujours tout écrasé tel un bulldozer sur son passage. Mais comme il existe toujours un plus fort que soi, le redoutable Talon, la queue entre les jambes devient tristement ce capitaine qu’on malmène sur divers canaux. Le “John Bri” national, enfin défié? En tout cas, Kémi Séba ne le cache pas.
Le mal dans tout ça, ce n’est pas uniquement l’image de Talon qui se trouve écornée. Au-delà de l’institution qu’il incarne, l’image du pays en prend un coup. Le Bénin risque d’être la risée à l’étranger. Kémi Séba a forgé sa carapace sur le terreau de la dénigration. Ses récentes déclarations sur le prétendu hébergement des militaires français au Bénin en disent long. Le jeune activiste anti-français semble bien aller au-delà de l’activisme politique. Il a réussi à distiller dans l’opinion des narratifs qui souillent le Bénin que même les eaux de l’océan Atlantique ne suffiraient à nettoyer.