Au Bénin, le prix du maïs a augmenté depuis quelques semaines. Cédé à un prix moyen de 4 000 francs il y a quelques mois, le coût de la bassine de ce céréale est passé au double voire au-delà sur le marché actuel. Conséquence directe de cette situation, auprès des femmes transformatrices et dans les restaurants, les prix des plats faits à base du maïs ont aussi augmenté. Les consommateurs s’adaptent.
Iyawo, 45 ans, habite à Sinagourou dans le premier arrondissement de Parakou. Elle vend de la bouillie faite à base de maïs, communément appelée “Akouli“ en Fongbé à l’école primaire publique de Sinagourou. Elle fait cette activité depuis plus de vingt ans dans le réfectoire de cette école. Autrefois, quand le maïs était à 5 000 francs la bassine, Iyawo se retrouvait avec le double du prix d’achat du maïs après la vente. « Lorsque je transformais la moitié de la bassine qui était à 2 500 francs par exemple, j’enlevais le prix du moulin, du bois, je retrouvais la somme injectée et je faisais même des tontines puis on mangeait à notre faim mes enfants et moi », a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui avec la cherté du maïs, Iyawo a du mal à rentabiliser. En plus du coût élevé du maïs, le prix du sucre a augmenté aussi. La plupart de ses collègues vendeuses ont rehaussé leurs prix. Mais, elle se dit face à un dilemme. « L’enfant vient parfois à l’école avec 50 francs comme déjeuner, et il veut de la bouillie et du gâteau. Si je lui dis que je ne vends pas ma bouillie à 25 francs, comment pourra-t-il acheter du gâteau pour accompagner sa bouillie », s’interroge-t-elle.
Cette situation oblige Iyawo à rouler à perte parce qu’elle se trouve obligé le injecte chaque fois de l’argent dans son capital pour pouvoir acheter à nouveau du maïs.
Dans le même quartier, dame Pulchérie, la cinquantaine environ est vendeuse de la pâte de maïs fermentée appelée “côme“. Par le passé, quand elle transformait une bassine, elle se retrouvait avec 12 000 francs approximativement, après la vente. Mais, depuis que le prix du maïs a doublé, elle se retrouve avec environ 2 000 francs de moins. Pour combler la perte, elle a réduit la quantité qu’elle vend à 50 francs. Elle est confrontée à un autre problème. « Les maïs qu’ils nous vendent sur le marché sont chers et de mauvaise qualité. Ces maïs ont été conservés depuis longtemps et donc n’absorbent pas assez d’eau. Le lendemain, le côme se gâte », nous a-t-elle révélé.
Difficile équation pour les consommateurs.
La semaine dernière Worou, 27 ans, a dû prendre sa bouillie sans sucre, car la vendeuse ne vend plus de la bouillie à 50 francs avec du sucre. La raison avancée par cette dernière : « c’est que le maïs est à 10 000 francs la bassine ».
Même dans les foyers, la population a du mal à acheter du maïs pour la consommation. D’autres se tournent carrément vers d’autres céréales pour la préparation de la pâte. C’est le cas de Rodrigue. Cet enseignant a dû se tourner vers le mil. Et pour l’avoir à un prix abordable, il a dû le commander à Agbassa un village situé à 62 km de Parakou. Pourtant, auparavant, il achetait le maïs à Parakou.