Coup d’Etat au Niger, succession de Patrice Talon en 2026, suscitations de candidatures de ses proches collaborateurs… La pomme de la discorde à l’origine du divorce entre le Président béninois et son cousin Johannes Dagnon est très grosse et les raisons multiples. Analyse.
Ce divorce inattendu entre les deux cousins continue de susciter des interrogations. Selon Jeune Afrique, plusieurs raisons sont à l’origine de ces dissensions entre Patrice Talon et son homme de main, Johannes Dagnon. En première ligne, la situation au Niger. Le torchon brûlait entre Niamey et Cotonou depuis l’arrivée au pouvoir des militaires au Niger, dirigé depuis juillet 2023 par le Général Abdourahamane Tiani. Une prise de pouvoir par les armes qui n’a pas été du goût de Patrice Talon. En son temps, le Président béninois a pris publiquement position contre le putsch. Pour forcer les militaires à rendre le pouvoir, la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest a pris des sanctions contre le Niger notamment la fermeture des frontières. Une mesure que Talon s’est empressée d’appliquer. Concernant cette mesure, rapporte Jeune Afrique, Dagnon a tenté à maintes reprises de ramener Patrice Talon à la raison pour revoir sa position qu’il juge trop radicale envers les nouvelles autorités nigériennes, mais en vain. Pour l’expert-comptable, cette situation impacte négativement l’économie béninoise, puisque la majorité des exportations via le port de Cotonou dépendent du Niger.
L’autre sujet au cœur de cette discorde serait lié à la succession de Patrice Talon en 2026. En effet, le président de la République aborde les derniers mois de son second et dernier mandat constitutionnel. Mais la question de son successeur au sein de la majorité n’a jamais été abordée. Pour le locataire de la Marina, l’heure n’est pas encore venue pour aborder le sujet. Plusieurs de ses collaborateurs en ont d’ailleurs fait les frais pour avoir suscité la candidature de son meilleur ami, considéré autrefois également comme son bras droit, Olivier Boko. C’est le cas de l’ancien ministre des sports Oswald Homeky, qui a démissionné de son poste en octobre 2023.
Selon le journal panafricain, Johannes Dagnon aurait donc abordé le sujet avec le président Patrice Talon afin de le convaincre de susciter un débat au sujet de sa succession au sein de la majorité présidentielle et de ne pas imposer un dauphin. Il lui aurait aussi conseillé en vain d’entamer des discussions avec l’opposition pour revoir sa position au sujet de l’incarcération de l’ancienne ministre de la justice Reckya Madougou et du professeur Joël Aïvo, en prison depuis 2021.
L’autre raison à ne pas perdre de vue est la suscitation de la candidature de l’ancien conseiller spécial Johannes Dagnon par un groupe de jeunes entrepreneurs. Le 23 mars 2024, apprend Jeune Afrique, lors d’une réunion organisée afin de présenter les réalisations du programme d’action du gouvernement, supervisé par le BAI, un groupe de jeunes entrepreneurs a évoqué la probable candidature du patron du Bureau d’analyse et d’investigation à la présidentielle de 2026. Ce qui n’a pas plu à Patrice Talon, très attaché au système partisan.
C’est d’ailleurs dans ce contexte de suscitation de candidatures à la présidentielle de 2026 que Talon a tenu une réunion chez lui le 1er avril dernier avec ses soutiens afin de les rappeler à l’ordre et de resserrer les rangs en respectant les principes du système partisan. Et selon Jeune Afrique, après cette rencontre, plusieurs soutiens de Patrice Talon se sont retrouvés au domicile de Johannes Dagnon à l’insu du Chef. Une initiative qui a mis en colère le président Talon, lequel a fait des reproches à son cousin Dagnon lors d’une entrevue le lundi 8 avril au palais de la Marina, qui aurait mal tourné entre les deux hommes. Ce n’est qu’à la suite de cette discussion houleuse que l’ancien conseiller spécial du Chef de l’État a été limogé puis remplacé par Pascal Irénée Koukpaki. Patrice Talon aurait donc reproché à son désormais ex-conseiller spécial de ne plus lui être loyal.
Parmi les personnalités pressenties pour succéder à Patrice Talon figurent en première ligne Olivier Boko, Charles Toko, Oswald Homeky, l’ancien Garde des Sceaux Séverin Quenum, limogé en avril 2023.
Anselme ORICHA.