La communauté internationale commémore ce vendredi 8 mars 2024 la journée de la femme. Une journée dédiée à la promotion des droits de la gente féminine dans une société où ils se trouvent relégués au second plan. A l’occasion de cette célébration, Ella Wama Marra, la Directrice Pays de la Fondation Batonga Bénin souligne que le 8 mars, au-delà d’une simple manifestation est un rappel puissant de la lutte permanente pour l’égalité des genres. Tout en notant des progrès, la pionnière de l’activisme féministe en Afrique relève et dénonce des poches de résistance dans des milieux africains notamment au Bénin. C’est à travers cet entretien.
Qu’est-ce que la Journée internationale de la femme signifie pour vous personnellement ?
En tant qu’activiste féministe africaine, la Journée internationale de la femme revêt pour moi une signification profonde et inspirante. C’est bien plus qu’une simple journée de célébration ; c’est un rappel puissant de la lutte continue pour l’égalité des genres, la justice sociale et les droits des femmes.
Pour moi personnellement, la Journée internationale de la femme représente un moment de réflexion sur les progrès réalisés dans la lutte pour les droits des femmes, mais aussi sur les défis persistants auxquels nous sommes confrontés. C’est l’occasion de rendre hommage aux femmes qui ont bravement combattu l’oppression et la discrimination, souvent au péril de leur vie, pour ouvrir la voie à une société plus juste et équitable pour toutes et tous.
C’est également un moment de solidarité et d’unité, où les femmes du monde entier se rassemblent pour faire entendre leur voix, revendiquer leurs droits et défendre leurs intérêts communs. C’est une occasion de célébrer la diversité et la force des femmes, ainsi que leurs contributions inestimables à tous les aspects de la société.
Enfin, la Journée internationale de la femme est un appel à l’action. C’est un rappel que la lutte pour l’égalité des genres n’est pas terminée, et que nous devons continuer à nous battre avec détermination et résilience pour un monde où chaque femme et chaque fille peut vivre librement, sans crainte de discrimination ou de violence, et avoir les mêmes opportunités d’épanouissement que les hommes.
Pour ce 8 mars 2024 à venir, alors que nous nous concentrons sur le thème “Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme”. la Journée internationale de la femme revêt une signification encore plus grande. C’est une opportunité de mettre en lumière l’importance cruciale de l’autonomisation économique des femmes dans la lutte pour l’égalité des genres et le développement durable en Afrique et dans le monde.
En investissant dans l’autonomisation économique des femmes, nous investissons dans un avenir où chaque femme et chaque fille a la liberté de réaliser son potentiel, où elles peuvent contribuer pleinement à la société et où elles sont reconnues et valorisées pour leurs talents et leurs compétences. C’est un investissement non seulement dans le bien-être des femmes, mais aussi dans le bien-être de leurs familles, de leurs communautés et de leurs nations tout entières.
En tant que femme occupant un poste de direction, quels sont, selon vous, les changements ou les progrès les plus significatifs pour les femmes au cours des dernières années ?
En tant qu’activiste féministe africaine, je suis honorée de constater les progrès réalisés par les femmes au cours des dernières années. Ces avancées sont le fruit d’une lutte collective et acharnée pour l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.
Tout d’abord, nous avons assisté à une augmentation du nombre de femmes occupant des postes de direction et de responsabilité dans divers secteurs, que ce soit dans la politique, les affaires, les sciences, les arts ou les organisations à but non lucratif. Cette représentation accrue des femmes dans des positions de pouvoir contribue peu à peu à changer les normes sociales et à remettre en question les stéréotypes de genre qui ont longtemps limité les aspirations des femmes.
De plus, nous constatons une plus grande prise de conscience et une mobilisation croissante autour des questions liées aux droits des femmes, notamment la lutte contre la violence basée sur le genre, les disparités salariales, l’accès à l’éducation et à la santé reproductive. Les mouvements féministes et les initiatives de plaidoyer ont permis de mettre ces problématiques au premier plan et d’exiger des changements concrets de la part des gouvernements et des institutions.
Enfin, je suis encouragée par les progrès réalisés en matière de législation et de politiques publiques visant à promouvoir l’égalité des genres. De nombreux pays ont adopté des lois contre la discrimination et la violence à l’égard des femmes, ainsi que des mesures visant à favoriser leur participation économique et politique. Bien que des défis persistent et que des efforts supplémentaires soient nécessaires pour mettre en œuvre et faire respecter ces lois, leur existence représente un pas important vers une société plus juste et inclusive pour toutes et tous.
Un exemple est le Décret N° 2021-391 du 21 juillet 2021. portant création et approbation des statuts de l’Institut national de la Femme.
En tant qu’activiste féministe africaine, je suis également inspirée par l’instauration croissante de la redevabilité au sein des organisations féministes. Cette évolution témoigne d’une prise de conscience de l’importance de la transparence, de l’inclusion et de la responsabilité au sein du mouvement féministe.
De plus en plus d’organisations féministes reconnaissent l’importance de rendre des comptes à leurs membres, aux communautés qu’elles servent et aux partenaires avec lesquels elles collaborent. Cela se traduit par des pratiques de gouvernance plus démocratiques, où les décisions sont prises de manière collective et où les voix des femmes marginalisées sont entendues et prises en compte.
La redevabilité renforce la légitimité et l’efficacité du mouvement féministe en garantissant que les ressources sont utilisées de manière responsable et que les actions entreprises répondent véritablement aux besoins et aux aspirations des femmes. Elle favorise également la confiance et la solidarité au sein du mouvement, en reconnaissant que nous sommes plus forts lorsque nous travaillons ensemble et que nous nous soutenons mutuellement.
Enfin, la redevabilité contribue à promouvoir une culture de l’apprentissage et de l’amélioration continue, où les succès sont célébrés, mais où les erreurs sont également reconnues et utilisées comme des occasions d’apprentissage et de croissance. Cela permet aux organisations féministes d’ajuster leurs stratégies et leurs actions en fonction des besoins changeants des femmes et des défis rencontrés sur le terrain.
En regardant vers l’avenir, quels sont vos espoirs et vos aspirations pour les futures générations de femmes ?
En tant que pionnière activiste féministe africaine, mon cœur est rempli d’espoir et d’aspirations pour les futures générations de femmes sur notre continent et dans le monde entier.
Tout d’abord, j’aspire à un avenir où chaque fille et chaque femme, quelle que soit son origine ou sa situation, bénéficie d’une éducation de qualité et de l’accès à toutes les opportunités d’apprentissage et de développement. L’éducation est la clé de l’autonomisation des femmes, et je rêve d’un monde où aucune fille n’est privée de ce droit fondamental en raison de son genre ou de son contexte socio-économique.
Je nourris également l’espoir d’une société où les femmes sont pleinement libres de choisir leur propre destin, sans crainte de discrimination, de violence ou de contraintes sociales. Je souhaite voir un monde où les femmes sont respectées en tant qu’individus autonomes et où leurs voix sont entendues et valorisées dans tous les domaines de la vie publique et privée.
Je souhaite ardemment que les futures générations de femmes puissent accéder à des opportunités économiques équitables, où elles peuvent exercer leur droit à un travail décent, à des salaires équitables et à des possibilités d’avancement professionnel. Je rêve d’une économie inclusive qui reconnaît la valeur du travail des femmes et qui favorise leur pleine participation au marché du travail.
En regardant vers l’avenir, mes espoirs et mes aspirations pour les futures générations de femmes sont empreints d’un profond optimisme et d’une détermination inébranlable à poursuivre le combat pour l’égalité des genres et la justice sociale. Je suis convaincue que, ensemble, nous pouvons créer un avenir où chaque femme et chaque fille peut réaliser son plein potentiel et contribuer à la construction d’un monde plus juste, plus équitable et plus inclusif pour toutes et pour tous.
En tant que pionnière activiste féministe africaine, je souhaite que se réalise la représentation équitable hommes-femmes dans les espaces de prise de décision, et à tous les niveaux de la société d’ailleurs. Il est essentiel que les femmes aient une voix forte et influente dans les processus décisionnels, qu’il s’agisse de la politique, de l’économie, de la culture ou de tout autre domaine. Une représentation équitable garantit que les intérêts et les préoccupations des femmes sont pris en compte et que les politiques et les décisions reflètent véritablement les besoins de l’ensemble de la population.
De plus, je suis profondément engagée à promouvoir un accès équitable aux ressources et aux opportunités pour toutes les femmes, sans discrimination fondée sur le genre, l’origine ethnique, la classe sociale ou tout autre critère. Cela signifie garantir l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi, aux services financiers, à la propriété foncière et à d’autres ressources essentielles, afin que chaque femme ait les moyens de réaliser son plein potentiel et de contribuer pleinement à la société.
En outre, je crois fermement en une inclusion naturelle, où chaque femme est acceptée, respectée et valorisée pour ce qu’elle est, sans avoir à faire face à des stéréotypes, des préjugés ou des discriminations. L’inclusion va au-delà de simplement permettre aux femmes d’accéder aux mêmes opportunités que les hommes ; elle consiste à créer un environnement où chacune se sent en sécurité, soutenue et encouragée à s’exprimer et à agir selon ses propres valeurs et aspirations.
Enfin, je m’engage à œuvrer pour un avenir où les femmes sont des agents de changement et des leaders dans la construction d’un monde meilleur pour tous. Je crois en leur capacité à apporter des solutions innovantes aux défis auxquels notre société est confrontée, qu’il s’agisse du changement climatique, de la pauvreté, de l’injustice sociale ou de tout autre enjeu majeur.
En intégrant ces principes d’équité, d’accès et d’inclusion dans nos sociétés, nous construisons un avenir où les femmes sont véritablement libres de vivre, d’aimer, de travailler et de prospérer selon leurs propres termes. C’est un avenir que je m’engage à poursuivre avec détermination et passion, et je suis convaincue qu’ensemble, nous pouvons le réaliser.