Les relations entre Niamey et Paris se tendent encore davantage.Les tensions s’accumulent sur l’axe Paris-Niamey.
Les autorités putschistes multiplient les entraves administratives et viennent de dénoncer l’accord bilatéral de 1977 concernant le centre culturel franco-nigérien.
Les relations entre la France et le Niger continuent de se détériorer. Mi-novembre, la junte nigérienne, dirigée par le général Abdourahamane Tchiani, a formulé par voie de courrier à la diplomatie française son souhait de dénoncer l’accord bilatéral sur le statut du Centre culturel franco-nigérien Jean-Rouch, à Niamey.
Créé en 1963, ce dernier est une institution binationale placée sous la double tutelle du ministère nigérien de la culture et du ministère français des affaires étrangères. Il est dans ce cadre administré par un conseil paritaire. Sa présence au Niger avait été sanctuarisée par un accord de 1977 auquel entend mettre fin la junte.
Paris, qui a bien réceptionné la missive des autorités putschistes, n’y a pas encore répondu. Le délai de dénonciation concernant l’accord est d’une durée de six mois.
Financement français
Le centre culturel franco-nigérien dispose également d’un deuxième établissement dans la ville de Zinder, dans le sud du pays, encadré par un accord bilatéral de 1991. À eux deux, ces centres forment notamment l’une des plus importantes médiathèques publiques du Niger.
La dénonciation de l’accord de 1977 pourrait déboucher sur d’épineuses questions d’ordre juridique : si le foncier appartient bien à l’État nigérien, l’ensemble des investissements dans les deux centres ont été financés par la France. Paris pourrait ainsi solliciter le remboursement de certaines sommes dépensées.
Cette dénonciation pourrait aussi susciter des effets de bord auprès de la communauté artistique et intellectuelle nigérienne, très investie dans les activités des deux établissements culturels.
Obstacles administratifs
La décision de la junte s’inscrit dans un cadre plus large de dénonciation générale des accords bilatéraux passés entre la France et le Niger, à l’instar de ceux portant sur la coopération militaire, formalisés dès le lendemain du putsch du 26 juillet.
Début novembre, la junte nigérienne a par ailleurs refusé l’envoi de 20 militaires logisticiens français depuis Paris vers Niamey, qui devaient se charger du démontage des hangars de la base aérienne française dans la capitale nigérienne (AI du 14/11/23). Elle rechigne également à laisser entrer sur son sol des gendarmes censés se relayer pour assurer la sécurité de l’ambassade française ; dans la nuit du 21 au 22 octobre, les autorités nigériennes en avaient recalé trois à leur arrivée à l’aéroport de Niamey (AI du 26/10/02). Enfin, les multiples entraves administratives posées par la junte gênent les agents de l’ambassade devant regagner le Niger après leurs congés.
Ces derniers jours, la junte a largement diminué l’approvisionnement en gasoil de la chancellerie française à Niamey, refusant de lui accorder les stocks sollicités. Une situation qui pourrait déboucher à moyen terme sur un “redimensionnement” de l’ambassade, voire sa fermeture. Cette dernière est déjà dépourvue d’un ambassadeur depuis l’expulsion du diplomate Sylvain Itté (AI du 08/09/23).
Source : Africa intelligence