. Le célèbre syndicaliste béninois, Laurent Mètongnon s’est prononcé sur la situation au Niger. C’est ça première réaction depuis sa sortie de la prison en novembre 2022 .Dans une tribune intitulée “Appel au peuple béninois”, l’ancien détenu politique de Patrice Talon a lancé un appel aux forces vives de la Nation Béninoise à se constituer en un “grand Front Patriotique d’opposition” à la guerre au Niger.
Voici l’intégralité de sa déclaration.
APPEL AU PEUPLE BENINOIS
Chères mères, chers pères, chers frères et sœurs, Chers compatriotes. Depuis le renversement du pouvoir du Président Ahmed BAZOUM au Niger le 26 juillet 2023, un grave danger plane sur notre pays.
En effet, ce coup d’Etat heurte directement les intérêts de la France qui a choisi le Niger comme base de repli de son armée chassée du Mali et du Burkina Faso, et risque de remettre en cause ses sources d’approvisionnement en uranium pour l’alimentation de ses centrales nucléaires. Voilà pourquoi, dès le départ, elle a choisi de rétablir BAZOUM au pouvoir par la force en s’appuyant sur ses agents au sein de la CEDEAO. C’est dans ces conditions que depuis là, le Président Patrice Talon est devenu un exécutant fidèle de cette volonté de la France.
Dès le départ, il déclare dans un ton menaçant que : « Ce qui arrive au Niger est inadmissible et tous les moyens seraient utilisés, si nécessaire, pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger ». Ensuite, il a été le premier Chef d’Etat à fermer les frontières de son pays avec le Niger, sans tenir compte de la situation de nombreux Béninois coincés dans ce pays, (conducteurs de gros camions, malades partis se faire soigner, parent en visite chez la famille, étudiants, etc.), sans oublier les Nigériens coincés du côté de la frontière béninoise et qui vivent les mêmes difficultés. Si on sait qu’avant de commencer ses menaces contre le peuple nigérien, Emmanuel Macron a pris soin d’évacuer les ressortissants de son pays, on voit comment, pour les dirigeants africains, la vie de leurs concitoyens ne compte pas.
Cette fermeture des frontières qui fait partie de la panoplie des mesures illégales, cruelles et inhumaines prises par la CEDEAO et l’UEMOA et qui incluent l’interdiction de l’importation de médicaments pour les malades et les enfants, relèvent largement de crimes contre le genre humain. Ce qu’on constate, c’est que, plus les préparatifs de guerre s’accélèrent avec l’implication de plus en plus poussée des autorités de notre pays, plus grandit l’opposition à cette guerre d’agression par procuration que le Président Patrice Talon et son Gouvernement s’apprêtent à déclencher contre le peuple frère du Niger. L’église catholique, les musulmans, les pasteurs anglicans, les Hounons, les Bokonons, les partis politiques dont le Parti Communiste du Bénin, le parti « Les Démocrates », le parti Front Souverain sont contre. Les centrales syndicales comme la CSTB, la CSA, la COSI-BENIN…se sont prononcées contre.
L’ONU est contre les sanctions tandis que la commission « Paix et Sécurité de l’U.A est contre la guerre. Au niveau même de la CEDEAO, les pays se désengagent petit à petit et aujourd’hui on peut remarquer qu’il ne reste que les rebuts de la FrançAfrique comme le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Bénin qui sont à l’avant-garde de cette guerre d’agression en préparation. Tout ceci se passe au moment où notre peuple est confronté à d’énormes difficultés. Nos prisons sont remplies de nombreux prisonniers politiques retenus sans jugement ou condamnés à des peines iniques et fantaisistes par simple opposition au pouvoir. Plein de compatriotes innocents sont contraints à l’exil. Les conditions de vie des populations ne cessent de se dégrader. La fermeture des frontières avec le Niger est venue aggraver la situation dans le Nord du pays. Aujourd’hui, les camions remplis de médicaments, de vivres, s’alignent de Kandi jusqu’à Malanville. Leurs contenus, frappés par la pluie, le soleil et toutes les intempéries, pourrissent à vue d’œil, ruinant aussi bien les propriétaires des camions que les commerçants commanditaires tandis que les populations meurent de faim à côté.
Chers compatriotes, Le déclenchement de la guerre d’agression contre le peuple du Niger est imminent. La date est déjà fixée selon les chefs d’Etat-Major réunis à Accra et selon les informations concordantes, les premiers soldats ivoiriens ont commencé à fouler le sol de notre pays. Allons-nous regarder en spectateurs cette guerre d’agression qui arrive ? Pour ma part c’est non. Voilà pourquoi je lance un appel au peuple, aux travailleurs de toutes catégories, aux élèves et étudiants, aux commerçants et aux paysans, aux confessions religieuses, aux associations de la société civile, aux personnalités, aux Béninois de la Diaspora, à tous les hommes de bonne volonté, à mettre rapidement sur pied, un Grand Front Patriotique d’opposition à cette guerre d’agression qui se prépare contre le peuple frère du Niger et qui déstabilisera encore plus, toute notre sous-région. D’ores et déjà, dans chaque village, dans chaque commune, dans chaque hameau, nous devons mettre sur pied, des comités d’opposition à la guerre.
En direction de leurs excellences, Nicéphore Dieudonné SOGLO et Thomas Boni YAYI, anciens Présidents de la République, je les prie humblement de s’associer à cette initiative pour son aboutissement dans l’intérêt supérieur de notre peuple. Quant à moi, comme d’habitude, je prendrai ma modeste part comme je l’ai toujours et en ai payé le prix lorsqu’il s’agit des intérêts supérieurs du pays. La Patrie est en danger, ne la laissons pas sombrer. Cotonou, le 25 aout 2023
Laurent METONGNON
Administrateur du Trésor à la retraite
Ancien Détenu politique