Gbéba est un village de l’arrondissement central de la commune de Péhunco situé sur la route qui mène à Kouandé. En cette période des pluies, impossible de rallier la cité des Bagana en passant par Gbéba. Le seul pont qui facilite la traversée se submergé par l’eau depuis plusieurs jours. Au contact de la réalité, la rédaction de votre journal a donné la parole à plusieurs personnes sur place.
Visages crispés, des habitants de Gbéba vaquent à leurs occupations quotidiennes avec beaucoup de peines. Leur mobilité relève d’un exploit. Déjà dans un état vétuste, l’unique et vieil ouvrage de franchissement de la localité rend infréquentable la voie qui mène à Kouandé, du fait de la montée des eaux. Les habitants sont coupés du reste du monde et l’accès aux services de base relève également d’une incertitude.
9h sur place, ce vendredi 18 août, c’est un blocus qui s’observe. Impossible d’aller ou de revenir pour les usagers. Nous rencontrons des hommes et femmes qui, malgré leurs urgences, sont contraints de rebrousser chemin. «Ce matin, j’allais à l’hôpital de zone de Kouandé mais hélas mon chemin s’arrête ici. Je suis obligé de payer 3000 F pour faire traverser ma moto seule et rentré dans cette eau qui peut m’emporter sous des regards impuissants», nous confie un usager l’air affligé. Comme lui, un autre habitant du village de Gbéba a bien voulu se confier à nous. « j’ai plus de 60 ans aujourd’hui et chaque année à la même période nous vivons cette triste réalité. C’est compliqué au point où on se demande si nous sommes béninois comme les autres ?», se désole notre interlocuteur. «jeudi 17 Août 2023, relate-t-il, aucun commerçant de la commune de Péhunco ne s’est rendu au marché de Kouandé du fait de la montée des eaux par exemple».
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, certains acteurs profitent de l’enclavement. Un business s’est créé au niveau du village de Gbéba. Des jeunes se constituent pour faciliter la traversée aux usagers contre le paiement d’une somme d’argent. Bio Drogba, l’un d’eux assure «nous sommes ici de 6h à 19h. Après le partage des revenus, chacun de nous s’en sort avec 6000 F au moins».
Au-delà des recettes occasionnelles la situation préoccupe Mathieu, un autre habitant village. Il déplore le délaissement par l’état de leur localité. «nous entendons que notre Président travaille à ailleurs mais nous, on ne voit rien ici, même pas un seul pont», s’offusque-t-il.
En attendant une solution pour aider les populations de Gbéba, le risque de noyade est grand lors de la traversée.
SKB