L’avènement des pluies est synonyme de difficulté de passage pour les habitants de Damabou dans le deuxième arrondissement de Parakou. Le principal pont qui mène dans cette localité est endommagé par les eaux de ruissellement de toute la ville. Par conséquent, se rendre dans le centre-ville ou au champ sont un parcours du combattant. La mairie rassure.
«Quand vous êtes dans le centre-ville et qu’il commence par pleuvoir, vous avez le souci de comment rentrer chez vous », lance Karim Abib, le visage tout froissé. La soixantaine environ, il vient de traverser difficilement le pont de Damabou à moto. Le paquet de ciment qu’il transporte à l’arrière de son engin ne lui a pas du tout facilité les choses non plus. Mathieu Ekpo, imprimeur et habitant du quartier, lui, est véhiculé. Pourtant il a l’air mécontent. Résigné, il sait que le pont de Damabou, bien que vétuste et dégradé, est le seul chemin qui lui permet de rentrer chez lui au quotidien. « C’est quand même triste de voir le chemin qui mène vers sa maison dans cet état. Passer par là, c’est vraiment un calvaire en saison de pluie », déplore-t-il cet imprimeur.
Mercredi 03 août 2023, comme c’est le cas, chaque saison pluvieuse, la population de Damabou dans le deuxième arrondissement de Parakou a décidé de sortir comme un seul homme afin d’arranger un temps soit peu ce pont qui constitue leur principal problème. Hommes, femmes et enfants, chacun essaie d’apporter du sien. « Depuis 2019 que je suis dans ce quartier, chaque fois que la pluie commence, c’est comme ça qu’on s’organise pour arranger le pont nous-mêmes sans l’aide de personne » témoigne Illiassa, mécanicien.
Mathieu nous explique leur fonctionnement : « nous avons été obligés de prendre des initiatives nous même afin de soutenir l’ancien pont qui est déjà épuisé. Les jours de réparation, nous barrons la voie. Ceux qui ont 25f, 50f, 1000f etc., donnent et cela nous permet d’acheter du carburant dans des véhicules qui ont été mis à notre disposition par des particuliers et habitants du quartier pour le transport du sable, et des cailloux achetés vers le pont. Ceux qui n’en n’ont pas viennent travailler».
D’après nos informations, c’est après 2017, année de la réalisation des travaux de contournement de Parakou, que l’état du pont s’est complètement dégradé. Selon les habitants, cela est dû à l’augmentation de la quantité d’eau qui passe par le pont. Depuis les travaux de contournement, toutes les eaux de ruissellement des quartiers Albarika, Okédama, Gah, Banikanni et Nima ont été redirigées vers Damabou. Et c’est précisément au niveau du pont que toutes ces eaux passent pour sortir de la ville.
A Damabou, il n’y a qu’une école et elle est privée. Les écoliers et les élèves doivent se rendre à Banikanni pour suivre les cours. Mais, en période de pluies, dès que l’état du pont se dégrade, il est difficile voire impossible aux apprenants surtout les plus petits d’aller à l’école. Le quartier ne dispose pas de dispensaire ni de centre de santé. Pour se soigner, il faut aller jusqu’à Banikanni. Outre cela, il n’y a ni marché ni eau de la Soneb. Ils s’alimentent en eau grâce aux puits et aux forages. Le soir, le quartier est plongé dans le noir faute d’électricité. Seules quelques ampoules alimentées par des panneaux solaires permettent à ces habitants d’éclairer leurs devantures. Néanmoins, les populations sont régulièrement victimes de cambriolage et de vol.
Les habitants et l’élu local de la localité ont fait plusieurs démarches pour trouver une solution mais, rien n’a été fait. « Depuis 2015 qu’on a été installé, on a jamais manqué d’écrire aux autorités à propos de ce pont. Plusieurs autorités telles que l’ex député Rachidi Gbadamassi, l’ancien maire Charles Toko, l’actuel maire Inoussa Chabi Zimé, même la Vice – Présidente Mariam Chabi Talata sont venus constater l’état du pont mais jusque là c’est toujours le silence », nous répondu Léon Bacho, élu local du conseil local Banikanni – Rose Croix – Bah-Mora.
« Est-ce qu’il s’agit d’un manque de moyens ou d’une négligence qui bloque la réalisation de ce pont ? », s’interroge l’élu. Difficile de la dire pour le moment. « On ne sait même pas si nous avons un état central, poursuit-il en gesticulant. On se sent délaissé. Dès que vous rentrez dans le quartier Bah-Mora par exemple, il n’y a pas un seul poteau électrique. Chacun se débrouille pour faire acheminer le courant de Banikanni vers sa maison. La voie aussi est impraticable ».
Pour Mathieu, la population elle-même, représentée par quelques devanciers, s’est rendue à la mairie à plusieurs reprises pour en savoir plus. « Nous avons tenus plusieurs séances avec le nouveau Secrétaire Exécutif de la mairie, le Chef service technique pour présenter nos doléances… Ils nous ont dit qu’il vont prendre en compte le premier point qui est l’aménagement du pont et cela après la saison pluvieuse».
De son côté, la cellule de communication de la mairie fait savoir que plusieurs actions sont menées en interne pour que la réalisation de ce pont soit effective. D’après cette dernière, à l’instar de plusieurs autres ponts tel que: le pont de Ninma, Kpérou Guera etc., le processus est à l’étape de «l’évaluation budgétaire».