Le calvaire des conducteurs de camions gros porteurs en transit au Bénin devient palpable une semaine après la fermeture de la frontière bénino-nigérienne à Malanville au nord-est du pays.
« On est garé sur la voie. C’est très très grave !», s’exclame un chauffeur mécontent au micro de Sota FM, une radio locale de Malanville. Depuis dimanche 30 juillet, le Bénin a fermé sa principale frontière avec le Niger en application aux sanctions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une décision inattendue qui la vie dure aux populations de cette ville et surtout aux conducteurs de camions en transit. Selon les témoignages des chauffeurs, forcés de stationner à la frontière, il y a plus d’une centaine de véhicules transportant des marchandises dans une file qui commence de la localité de Guéné jusqu’au poste de contrôle juxtaposé de Malanville. Ils étaient censés traverser la frontière et se rendre à Niamey, la capitale nigérienne depuis une semaine. Certains de ces véhicules sont sur la voie publique et perturbent la circulation. Mais, leurs propriétaires disent être conscient du risque qu’ils font courir aux usagers de la route mais ils disent n’avoir pas d’autre choix.
Les chauffeurs et leurs apprentis doivent vite s’adapter à leur nouvelle condition. « Les nourritures qu’on était censé manger une fois au Niger avec nos apprentis sont finies maintenant. Pour nous laver, on donne de l’argent à nos apprentis pour aller acheter de l’eau », explique un conducteur qui ne comprend toujours pas la décision de l’organisation sous régionale. Bloqué depuis plus de six jours, un autre conducteur affirme qu’il y a des jours où il ne se lave pas. « Je me contente d’aller en ville acheter des condiments et faire la cuisine », confie-t-il à nos confrères de Sota FM, en rigolant. Plusieurs conducteurs dorment sous leurs camions sans moustiquaires s’exposant aux piqûres de moustiques et au paludisme.
Parmi ces véhicules, il y en a qui transportent leurs marchandises dans des containers. Pour eux, il y a peu de risque que leurs produits se gâtent. Mais pour ceux qui transportent les vivres tels que le riz ou du spaghetti, il a de fortes chances que leurs marchandises soient endommagées au contact de l’eau parce que c’est la saison des pluies à Malanville. « Nous qui avons les containers, la détention est en train de nous frapper », déplore un autre. Pour lui, même dans le container les marchandises peuvent être volées.
Les commerçants à la frontière sentent aussi déjà les effets de cette mesure. Les prix des marchandises ont doublé en moins d’une semaine à cause de l’arrêt des transactions entre le Bénin et le Niger. Dans les boutiques et les magasins, l’on se plaint de la mévente.
Jeudi 26 juillet, le Président nigérien Mohamed Bazoum a été renversé du pouvoir. Le lendemain, le patron de la garde présidentielle, le Général Abdouramane Tchiani annonce à la télévision nationale avoir pris le pouvoir. Le 30 juillet, réunis à Abuja, les chefs d’Etat de la Cédéao ont pris des mesures contre la junte au pouvoir. Ils demandent notamment de rétablir Bazoum dans son fauteuil au plus tard le dimanche 6 août. Passé ce délai, la Cédéao promet d’intervenir militairement au Niger. La junte nigérienne a reçu le soutien militaire du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso en cas d’attaque.
Djamall Soumanou ( stg ) & Faradj Ali Yarou