Le Président du Sénégal pourrait ne pas concourir à l’élection présidentielle de 2024 prochaine. Alors qu’il totalise deux mandats successifs à la tête du pays, Macky Sall semble ne pas ou ne plus vouloir briguer un troisième mandat. En attendant son message officiel sur le sujet, des indiscrétions sur ses confidences à son entourage restreint, révèlent qu’il n’entend pas se lancer dans cette électorale en perspective.
Selon les informations rapportées par Africa Intelligence, durant le week-end des 24 et 25 juin, il [Macky Sall Ndlr] a confié à une poignée de membres de son premier cercle sa décision de ne pas concourir à l’élection présidentielle qui se tiendra en février 2024. Les Sénégalais attendent d’être situés sur la décision de leur président dont le second mandat expire en février 2024. S’il ne s’est pas publiquement prononcé sur ses ambitions de briguer ou non le troisième mandat, le doute s’est installé depuis plus d’un an alors que Washington et Paris tentent de le dissuader.
Obama en sous-marin
Missionné par l’administration Biden en avril dernier, l’ex locataire de la maison blanche, Barack Obama et son interlocuteur ont discuté au téléphone du scrutin en vue au Sénégal. L’épineuse question du troisième mandat du président Macky Sall a été évoquée au cours de ces discussions tenues en avril 2023. Visiblement préoccupé par la situation politique dans ce pays ouest-africain agité par le débat d’une éventuelle volonté pour l’ex président de l’union africaine d’aspirer à un troisième mandat à la tête du pays, l’Etat américain a mis Barack Obama à contribution pour entamer cette prise de contact afin de convaincre Sall d’abandonner le projet devenu monnaie courante en Afrique francophone. « L’échange s’est tenu en étroite coordination avec l’administration Biden, au moment où le scénario d’un troisième mandat de Macky Sall se dessine chaque jour un peu plus », informe la source qui révèle les relations particulières qu’entretiennent depuis plusieurs années, Obama et Sall. Ces relations ont milité en faveur de l’ancien président américain pour conduire cette opération de bons offices auprès du pouvoir de Dakar. « L’appel téléphonique a été facilité par la relation personnelle qu’ont nouée les deux hommes au cours de la dernière décennie. En juin 2013, l’ancien locataire de la Maison blanche avait choisi le pays de la Teranga pour commencer sa première grande tournée africaine. L’ex-sénateur de l’Illinois avait effectué une étape très symbolique sur l’île de Gorée, haut lieu de mémoire de la traite des esclaves vers les Amériques. Une visite qui avait particulièrement marqué l’ex-First Lady Michelle Obama, dont la famille descend d’esclaves victimes du commerce triangulaire », rappelle la publication avant de révéler l’échange s’est ainsi tenu en étroite collaboration avec le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, lui-même ancien collaborateur d’Obama à la Maison blanche, de 2013 à 2015. Ce dernier a déjà pu évoquer le sujet à plusieurs reprises avec Macky Sall.
Connu pour son opposition aux troisièmes mandats en Afrique, Washington s’inquiete des ambitions dissimulées du président sénégalais pour la présidentielle de 2024. Pourtant le Sénégal a entretient depuis les années 2000 de bonnes relations de coopération avec l’Amérique, en raison de la vitalité de sa démocratie.
La position de Paris
Le président français Emmanuel Macron avait déjà essayé de convaincre son homologue sénégalais, Macky sall de renoncer à un éventuel désir de briguer un troisième mandat. « Lors d’un déjeuner de travail, le 31 janvier, à l’Elysée, le président français avait abordé le sujet sans détour. Entre les lignes, il avait mis l’accent sur les nombreuses possibilités de reconversion qui s’offraient au président sénégalais sur la scène internationale », souligne-t-elle. Des démarches sans effets ?Malgré ces opérations diplomatiques, il ressort des indiscrétions que les caciques du pouvoir travaillent dans l’ombre pour porter la candidature de Macky Sall en fin du second mandat. Son parti de l’Alliance pour la République (APR) aurait d’ores et déjà organisé une série de meetings, et doit en tenir un ce 13 mai, à Paris, afin de mobiliser la diaspora. Des sources proches du palais rapportées par le média, l’on apprend que l’annonce par le Chef de l’Etat lui-même ne tardera pas quant à l’officialisation se sa candidature en 2024. Ceci avant la fin du mois de mai.
Une éventuelle troisième candidature contestée d’avance.
Venu au pouvoir en 2012 puis réélu pour un second mandat de cinq suite à une révision constitutionnelle adoptée par voie référendaire ramenant le mandat de 7 à 5 ans, Macky Sall devra faire face à une fronde contre sa troisième candidature dans son pays. Le 16 avril dernier, plus d’une centaine d’organisations politiques et de la société civile se sont mises ensemble à Dakar pour donner un signal au locataire du palais présidentiel. Baptisée ‘‘Mouvement des forces vives du Sénégal F24’’, la coalition s’est donné l’objectif de faire barrage à cet éventuel troisième mandat du président sortant, Macky Sall. Un mouvement soutenu par Ousmane Sonko, président du parti Pastef et homme politique de l’opposition le plus en vue en ce moment au Sénégal.