Il était l’un des anciens coéquipiers du footballeur international ghanéen Abédi Pélé dans les années 1980 au sein des Dragons de l’Ouémé. Il a joué avec le Nigérian Peter Rufai, dans la même équipe. Il était la coqueluche des supporters de l’équipe de Porto Novo. Les écoliers de la capitale allaient même jusqu’à graver son nom derrière leurs uniformes « kaki ». Ce dixième numéro de votre rubrique « Hommage aux anciennes gloires » fait un gros plan sur la brillante mais courte carrière d’un joueur talentueux et meneur de jeu : Raoul Zamba. Portrait.
Raoul Zamba est né le 9 juin 1963 à Cotonou. Sportif talentueux dans les années 80, il est rapidement devenu la coqueluche des supporters de l’équipe des Dragons de l’Ouémé. Zamba a commencé sa carrière de footballeur dans l’équipe junior. Mais, à 13 ans il intègre l’équipe première des Dragons. Ce qui était un exploit à l’époque. « Je suis vite monté en senior, parce que j’avais un talent que les gens ont découvert. Déjà en 1976, je m’entraînais déjà avec l’équipe sénior des Dragons, tout petit », déclare-t-il.
Au début, Raoul Zamba évoluait aux postes d’ailier gauche, d’ailier droit et d’avance-centre. Mais il sera reconverti en meneur de jeu par le coach Wabi Gomez. « Au début, je jouais toute l’attaque. C’est le coach Wabi Gomez qui m’a ramené au poste de 10 dans l’équipe junior des Dragons ».
Avant Zamba, c’était Do Rego Saadou qui jouait à ce poste important dans l’équipe. Pour éviter les frictions entre le jeune joueur et son aîné, le caoch décide de faire jouer Raoul Zamba au poste de 8 bien que celui-ci n’était pas d’accord avec cette décision. « Les encadreurs, raconte-t-il, m’ont demandé de jouer au poste 8. J’ai dit que je ne suis pas milieu de terrain, plutôt un meneur de jeu (10). Ils ont dit soit tu joues, soit tu es sur le banc. C’est ainsi que je suis devenu titulaire au poste de 8 durant toute ma carrière chez les Dragons ».
En sélection nationale, Raoul Zamba a été capitaine de l’équipe nationale junior lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations des moins de 20 ans en 1982-1983 où il avait été ramené comme renfort de la sélection senior à cause de son jeune âge. Pendant cinq ans, Raoul Zamba a participé à plusieurs rencontres en sélection nationale senior malgré les nombreuses blessures. « C’est un joueur qu’on a perdu en sélection à cause de ses blessures. Si les dirigeants envoyaient des joueurs se faire soigner en Europe comme c’est un peu le cas aujourd’hui, il aurait eu une très grande carrière », explique Mesmin Koukoui ex-international béninois.
En 1987, Raoul Zamba est recruté par, le club ivoirien de première division, Stade d’Abidjan (crée en 1936 et en activité jusqu’à aujourd’hui, ndlr). Il n’y a joué que trois matchs avant de se blesser à la cuisse droite. Laquelle blessure l’obligera à mettre un terme à sa carrière. « La première saison, j’ai fait une saison blanche en Côte d’Ivoire. Lorsque les documents étaient prêts, il ne restait que trois matchs. La saison suivante, je me suis blessé et j’ai dû raccrocher prématurément. Ce moment, avoue-t-il, a été un moment douloureux pour moi. J’ai beaucoup souffert et j’en souffre toujours d’ailleurs au point où j’avais mis une croix sur le football ».
Raoul Zamba était un milieu de terrain pétri de talent. En dehors de sa lourde frappe dont il est le seul à avoir le secret, il avait une très bonne protection de balle et un coup d’œil magistral qui lui permettait de livrer des caviars (passe faite à un joueur lui donnant une occasion de but presque immanquable, ndlr) à ses attaquants. « Raoul Zamba, c’était un génie. C’était un joueur très indispensable dans cet effectif, il possédait vraiment des tirs imparables », témoigne Mesmin Koukoui, l’un de ses anciens coéquipiers.
Distinctions et rencontres…
Avec les Dragons de l’Ouémé, Raoul Zamba a remporté trois titres de champion du Bénin en 1982, 1983 et 1984. Il remporte aussi trois Coupes de l’indépendance en 1984, 1985 et 1986. En tant qu’entraineur, il a remporté la Coupe de l’indépendance en 2013 avec Réal Sport de Parakou club. Bien sa carrière a été courte, il a côtoyé de grands du football africain et béninois de son époque tels que les Béninois Ogougnon Adolphe, Bio Tchané Idriss, Hounguè Patati, Expédit Doussou-Gbété, le Nigérian Peter Rufai ou encore l’international ghanéen Abédi Pélé.
Avec son club, les Dragons de l’Ouémé, il a disputé plusieurs matchs importants hors du Bénin. Deux de ses rencontres l’ont le plus marqué. Le premier était un match face à Canon, un club camerounais de Yaoundé en Coupe d’Afrique des Clubs « C’était le plus grand match de tout ce qu’il a eu comme campagne africaine. Du côté de Canon, les mondialistes tels que Koundé Emmanuel, Onana, Abega Théophile étaient revenus pour ce match. À l’aller, on a été battu 2-0. Au retour, le stade était rempli, il a eu des morts ce jours-là. Le coach belge disait, si on doit gagner, ce sera grâce à Zamba bien que j’étais le plus jeune de l’équipe. Il leur a demandé de faire passer tous les ballons par moi. On a gagné 1-0 et j’étais le passeur décisif malheureusement, c’était insuffisant ». Le second match historique de sa carrière, confie-t-il, était le amical entre les Dragons et la CA Juventus de São Paulo (un club brésilien de football). « Pour ce match, il fallait montrer aux Brésiliens qu’il y avait aussi des Brésiliens aussi en Afrique… », ajoute-t-il tout souriant.
Aujourd’hui père de deux enfants, Raoul Zamba se consacre à la formation des jeunes : « un jour un ami me dit Zamba, tu peux tout faire, il faut renouer avec le football ». Il a entraîné plusieurs club de football béninois Avrankou Omnisports, USL de lokossa, l’Unb, Ussk en tant qu’assistant en 2011, As Cotonou, l’Université de Parakou, Dynamo de Parakou et l’Académie Kabongo.
Pour finir, il donne des conseils aux jeunes joueurs : « on monte sur le terrain pour faire plaisir à ceux qui sont venus nous regarder et leur faire plaisir, c’est de bien jouer. Jouer le plus simplement possible. Il ne faut jamais jouer avec le public, car ils vont t’amener à mal jouer et t’insulter après. Il faut surtout prendre des initiatives sur le terrain. Lorsque l’entraîneur vous donne des consignes, vous devez mettre votre intelligence en jeu pour gagner le match ».
Célin Orou Dossoumon