Le Président Patrice Talon ne se rendra pas en personne au chevet des victimes du terrible accident survenu le dimanche 29 janvier 2023. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbédji face à la presse. Une décision autant surprenante qu’indélicate qui soulève des interrogations sur l’intérêt du chef de l’Etat par rapport au bien être de ses populations. D’après le porte-parole, le Président Patrice Talon aurait été convaincu par le Ministre de la Santé à ne pas se déplacer sur les lieux pour des raisons spécifiques.
« Dès le dimanche soir, le ministre de la santé, quand il a été voir la situation, il avait indiqué clairement qu’il n’était pas approprié que des visites s’organisent (…) Il (ministre de la santé) a même demandé aux familles des rescapés de ne pas insister pour les voir, de laisser le corps médical faire son travail. C’est un connaisseur, et le président Patrice Talon vous a montré depuis 6 ans au moins qu’il sait écouter les connaisseurs, les spécialistes », a-t-il déclaré.
Des paroles qui ne sont pas prêtes de convaincre l’opinion publique qui y verrait un certain manque d’humanisme de la part du Chef de l’État. Être aux côtés de citoyens béninois ayant subit les affres d’un drame de cette envergure ne saurait nullement porter préjudice à ces derniers, surtout quand on est le Président de la République. S’imprégner de la vraie réalité des choses, de la souffrance qu’endurent les victimes, est important afin de mieux satisfaire leurs besoins. Une attitude dont le régime Talon a bien refusé d’en faire son leitmotiv.
Silence de Talon : mépris ou indifférence ?
Quand on se veut un président réformateur et élégant, on se doit de faire les choses bien. Mais, plusieurs fois, on s’est demandé si les drames qui touchent les Béninois touchent vraiment Patrice Talon, leur Président. Talon serait-il insensible face à ces tragédies qui frappent souvent ses compatriotes ? La question est légitime tant, le chef de l’Etat est un mauvais élève en terme d’expression de condoléances quand il s’agit de ses concitoyens. Ses concitoyens, il faut bien le préciser ; sinon, quand il s’agit, de décès qui touchent les non Béninois ou les personnalités étrangères, Talon s’empresse toujours de laisser un mot de condoléance sur sa page Facebook.
Les cas les plus récents sont la Reine Elisabeth et le Pape Benoit XVI. Bien qu’il sache que la diplomatie béninoise se chargera de porter sa voix auprès de ces pays, le Président a jugé utile de poster quand même ce message. Mais pourquoi, diantre, quand ce sont des Béninois qui meurent soit dans des accidents ou des noyades, Patrice Talon est incapable de faire autant. Les familles et les proches des personnes décédées dans ces événements tragiques, eux, ne méritent pas des mots de compassion de leur président ?
Sous d’autres cieux, la vie d’un individu est assez importante et encore plus quand celui-ci meurt de façon aussi dramatique. Exprimer sa compassion n’est pas une faiblesse d’un chef d’Etat, c’est une preuve d’humanité. Après la mort tragique de l’afro américain Tyre Nichols, le président Joe Biden a appelé sa famille ; la vice présidente Kamala Harris s’est même rendue à ses funérailles. Au Sénégal, le président Macky Sall s’est empressé de formuler ses condoléances à la nation attristée par ce drame. « Je suis profondément attristé par le tragique accident routier de ce jour, à Gniby, occasionnant 40 morts et de nombreux blessés graves. J’adresse mes condoléances émues aux familles des victimes et souhaite prompt rétablissement aux blessés », peut on lire sur le Twitter du président Macky.
Chez nous il n’en est rien. Rien du tout. Patrice Talon ne s’en préoccupe point. Et ça commence à en faire trop. Car les exemples s’accumulent. Le 13 février 2019, une barque motorisée transportant des Béninois chavire sur le fleuve Niger à Karimama. Le bilan, 45 morts et plusieurs disparus. Du côté du gouvernement, silence radio. On dépêche à peine quelques ministres sur place et basta. Député à l’époque, Guy Mitokpè s’est même indigné face au silence et à l’immobilisme du gouvernement et de son chef. Ainsi, écrivait-il sur sa page Facebook : « Karimama, ne pouvait on pas décréter au moins un jour de deuil national ? Plus de 45 morts…».
Son appel n’a reçu aucun écho à la présidence. Sur le lac Nokoué, plus d’une dizaine de personnes sont mortes entre juillet et août 2020 mais toujours silence radio. Patrice Talon et son gouvernement ont été contraints par les réseaux sociaux à se prononcer sur le cas de Woria, à Tchaourou, où la jeune Sakina s’est illustrée par sa bravoure en sauvant cinq personnes. N’eût été l’effervescence sur les réseaux sociaux, on aurait sans doute assisté à la même réaction faite d’indifférence et de silence. Il faut l’avouer, c’est le silence de trop.
Le peuple a besoin d’un Président qui rassure et qui sait être proche de lui dans les moments les plus sombres, douloureux, pas d’un leader qui reste à l’écart et totalement froid, silencieux et glacial. Aux familles éplorées par le drame de Dassa, nos sincères condoléances et compassions.
La Rédaction