Élections législatives de 2023 au Bénin
EXHORTATION À L’ENGAGEMENT CITOYEN
Extrait Nº 9
Nous concevons le droit de vote sur deux plans : le vote comme un acte de développement ; le vote comme l‘opposé d’une marchandise à livrer à vil prix.
Faire du droit de vote, un acte de développement
Il y a quelques décennies, sous d’autres cieux, ce privilège fait depuis plus de cinquante ans au citoyen béninois de choisir librement son dirigeant n’a pas été facilement acquis. Par exemple, pendant longtemps, les femmes américaines ont espéré en vain se voir juridiquement permettre le droit de voter. C’est finalement en 1869 que ce privilège leur a été accordé. Plusieurs luttes ont été menées aux fins de contraindre les dirigeants d’alors à lâcher du lest. Pour se convaincre de l’importance du droit de vote dans un pays de droit, il faut s’en trouver écarter.
En 2008, vu l’enjeu de l’élection présidentielle, avec un noir américain dans la course, nombreux sont les américains qui ont tenu, en dépit de leur âge avancé, à faire la longue queue pour accorder leur suffrage à leur candidat de choix. Ils se sont aperçus que leur apport comptait pour beaucoup et conditionnait l’arrivée ou pas de Barack Obama à la tête de la prestigieuse nation du monde, les Etats-Unis d’Amérique. Il a fallu attendre avril 1944, pour voir les femmes voter en France pour la première fois aux élections municipales de mars 1945. (Le 5 mai 1946, des religieuses votent, à l’occasion du référendum constitutionnel, qui voit la victoire du ” non ” avec 53% des suffrages exprimés).
Le droit de vote incarne tout un pouvoir, le pouvoir suprême du citoyen ; un pouvoir duquel émanent les autres pouvoirs, les autres prérogatives et institutions ; bref, toute l’organisation socio-juridico-politique et économique (en démocratie).
Le vote est comme l’acte de naissance et de renouvellement d’un Etat. Il se révèle par conséquent le seul pouvoir d’où émanent les autres pouvoirs de décision. Il a fallu que le peuple exprime ses convictions pour que le Bénin progresse sur le chemin de la démocratie et des libertés. C’est fort de cette réalité qu’on est en droit d’affirmer que le droit de vote est garant de la constitution, donc de l’Etat de droit et des libertés publiques.
Le vote constitue ainsi le socle de la République : « dans le contexte démocratique, le suffrage universel est et reste la source du pouvoir. La conquête du pouvoir sans l’onction populaire est un détournement ou une confiscation de la souveraineté du peuple ». (Afriquespoir, n° 22 Avril-Juin 2003, p. 19).
Vu sous cet angle, le vote permet aux citoyens de s’impliquer dans le processus de leur développement, c’est-à-dire leur propre épanouissement. L’électeur se doit, par voie de conséquence, de motiver son choix par les projets de société des candidats. Théodore HOLO en rassure : « Ainsi, le choix de l’électeur doit se fonder sur, d’une part, la pertinence et la qualité du programme, d’autre part, la sincérité et la capacité du candidat à honorer ses engagements, et non sur des solidarités ethniques, religieuses, sociales ou créées par la générosité du prétendant à son suffrage ». (Pr. Théodore HOLO, Les Défis De L’alternance Démocratique En Afrique).
Le vote ne saurait donc être confondu à une marchandise à vendre à vil prix.
Extrait de “Législatives de 2023, à qui confier le Parlement béninois ?”, Ouvrage de l’essayiste Mathieu Adjanou, sous presse. mathieuadjanou@yahoo.fr. 97 54 18 88