Connaissez-vous celui-là appelé aujourd’hui Coach Parfait ? On aurait pu dire ex-international Béninois Parfait Tella, mais son rêve s’est effondré à cause d’un ”choix” qu’il a fait à un moment culminant de sa carrière et là, tout a changé. Retour sur une histoire, une leçon avec Parfait Tella ancien défenseur central des Hirondelles de l’Astpa, des Illoises de la Béninoise et Victoria United du Cameroun dans ce cinquième numéro de la rubrique Hommages aux anciennes gloires de votre journal Leparakois. Portrait.
Parfait Tella est né à Sakété le 13 avril 1967 d’un père béninois et d’une mère béninoise (Nagot). Il a commencé à jouer au football au Collège de Segbêya à Cotonou. Il y a été incité par l’un de ses anciens professeurs des mathématiques, se souvient-il : « j’étais allé jouer comme d’habitude un dimanche matin au stade René Pleven de Cotonou et j’ai vu mon professeur des maths. Il m’a vu jouer et il a dit : Ah, tu joues au foot ? J’ai dit oui et il m’a demandé de venir vendredi soir aux séances d’activités culturelles et sportives pour m’entraîner avec l’équipe du collège. J’avais entre 15 et 16 ans à l’époque et j’étais en classe de troisième ». C’est ainsi que Parfait a été intégré à l’équipe du Collège de Segbêya en 1985. C’est là qu’il a été sélectionné pour l’équipe nationale scolaire.
Ainsi, le génie de Parfait Tella a commencé par prendre forme. Durant les championnats scolaires, conseillé par un ami, il ira s’essayer du côté des Hirondelles de l’Astpa, une équipe de deuxième division à l’époque. « Un ami m’a demandé d’aller faire un test au niveau de l’équipe de l’Astpa qui devait participer au championnat de deuxième division. Je m’y suis rendu puis j’ai été retenu par le feu coach Corea », confie-t-il.
Après 2 ans en deuxième division avec l’Astpa, Parfait Tella rejoins l’équipe de la société ”La Béninoise” appelé ”Illoise de la Béninoise”. Cela remonte à bien des années, mais l’ancien joueur s’en souvient comme si c’était hier. Il en parle en ces termes : après un match entre l’Astpa et l’Aspac, au vu de ma performance, un monsieur m’a demandé de venir m’entraîner avec une équipe de D1 (première division) appelée ”l’Illoise de La Béninoise”. J’y ai été et j’ai été retenu par le coach Alabi.
C’est en classe de première alors qu’il n’avait que 18 ans que le jeune défenseur a intégré l’équipe de l’Illoise de la Béninoise. A l’époque, il était le plus jeune aux côtés d’anciens grands noms du football béninois tels que feu Ahouandjinou, Yerima et Bonou Vincent. « Mon premier match, ajoute-t-il, au sein de ce club était contre Agaza de Lomé au stade Général Mathieu Kérékou devant un monde fou ».
Parfait Tella était un joueur déterminé et très fort dans les duels aériens. Dans le jeu, il fait preuve d’intelligence, de précision pour compenser sa lenteur. Ses qualités lui ont été inspirées par Bagri Seïdou, l’un de ses ainés. Il lui vint encore un souvenir :
« quand j’étais en D2, j’ai connu un aîné qui était venu en sélection nationale. Il a pour nom, Bagri Seïdou. Quand il venait en sélection, je lui gardais ses godasses, je lui faisais ses bandes et un jour, je lui ai dit : je veux être comme vous, façon, vous allez dans les airs pour téter le ballon, je veux que vous m’appreniez ça. Il m’a dit : ” Petit, toi, tu ne peux pas, ce n’est pas de l’amusement. Et chaque fois, je le dérangeais et un jour, il m’a donné rendez-vous à la plage. J’ai été le premier jour à 7h, il n’y avait personne. J’ai encore négocié, il m’a redonné rendez-vous, mais il ne vint pas non plus. La troisième fois, c’était à 13 h, j’y ai été ; il travaillait déjà sur place. Subitement. Il m’affirma, ” tu es en retard, tu devrais être là avant 13 h pour t’habiller et t’apprêter. Il m’a dit que les deux premières fois, qu’il était là dans un coin m’observer et a d’ailleurs vu le travail que j’avais réalisé ces jours-là. Il a été ainsi convaincu que j’étais décidé et c’est comme cela qu’il m’a pris sous ses épaules ».
C’est comme ça que Parfait Tella est devenu un défenseur rugueux et teigneux. Grâce à ses qualités, il est appelé en renfort par les Requins de l’Atlantique qui devaient jouer les compétitions interclubs. Mais, il ne participera pas finalement à cette compétition à cause de quelques problèmes. Il va rejoindre Soleil Fc d’Ali plateau, Zachée Jean-Pierre ensuite Mogas 90 durant 6 mois.
Ensuite, il a eu l’occasion de s’exporter vers l’extérieur du pays et plus précisément au Cameroun à Victoria United pendant deux ans. De là, il a reçu une invitation pour l’Europe. À la vielle de son départ, Parfait reçoit un message qui va changer le cours de sa vie.
« Déjà à Soleil, je me suis rapidement mis en couple et j’avais déjà un enfant. Je m’apprêtais à partir quand j’ai reçu un message de ma femme qui disait qu’elle était malade ainsi que mon fils aîné ». Et là a commencé la descente aux enfers.
« Quand j’ai reçu le message, je suis rentré au Bénin. À mon arrivée, vu l’état d’eux deux, j’étais obligé de commencer par courir de gauche à droite durant quatre mois et bonjour les dégâts. J’ai dû annuler le voyage. Heureusement qu’ils ont guéri donc je réfléchissais à reprendre puis j’ai eu un problème avec ma femme et elle est partie. Je me suis retrouvé seul avec les enfants. J’avais épuisé mes économies et il fallait faire en quelque sorte le babysitting. J’ai dû faire recours au métier d’électronique que j’ai appris une fois sortie de l’école. J’ai alors commencé par dépanner. Insuffisant, j’ai dû faire Zemidjan (nom local des conducteurs de taxi moto) pendant deux ans », un récit qui lui rappelle de douloureux moments de sa vie.
Le footballeur n’abandonne pas sa passion. Pour se consoler, il devient entraîneur grâce à l’aide d’un ancien entraineur. « Je pouvais encore jouer en ces temps-là. Alors quand mon ancien coach m’a vu, il m’a dit de venir reprendre, j’ai refusé. C’était le ”Coach chêchê”. Il m’a ainsi proposé de me reconvertir et j’ai ainsi appris sous lui pendant cinq ans à Éternel de Cotonou tout en faisant du bénévolat ».
Après ces cinq ans, il a été nommé adjoint et était sous les ordres de Akim Brym ancien coach d’Éternel de Cotonou. Pour Akim Brym, Parfait était un garçon qui voulait apprendre, grandir. Il était respectueux et écoutait son supérieur.
Depuis 2013, il s’est donné pour objectif de former la jeunesse et à alors créer l’équipe d’Espérance (D3 béninoise), Le centre d’animation Victoria football Club.
Victoria FC, un nom donné en référence à son ancien club camérounais. « Comme on le dit souvent, il faut battre le fer quand il est chaud. Si nous voulons faire carrière dans le football au Bénin et qu’on n’a pas le soutien, il faut laisser la femme à côté. Quand tu t’engages trop tôt, ton taux de réussite est réduit. Si moi, je n’avais pas eu une famille tôt, je ne serais pas à ce niveau. Aujourd’hui, les jeunes ne sont pas patients, si c’était eux qui ont été victime de ce que j’ai subi avec l’aîné Seïdou, ils allaient déjà commencer par crier ” Qu’est-ce qu’il croit”, il n’a qu’à aller se faire voir”, etc. Il ne faut pas rester dans la facilité, il faut travailler et être endurant » a-t-il conclu.
Célin Orou Dossoumon