Extrait Nº 4
Les implications de la fonction de député.
Le député, en tant que délégué du peuple, exerce une fonction républicaine, décisive et irremplaçable dans le processus de développement dans un Etat de droit et de démocratie comme le Bénin, tel que le stipule la Constitution du Bénin : « … Chaque député est le représentant de la Nation toute entière… ». (Cf. Article 80 de la Constitution du 11 décembre 1990). Il nous plaît de revenir sur quelques aspects ou implications de chacune de ces prérogatives.
1- Représentation du peuple ou relation de confiance.
Le parlementaire est un citoyen du peuple qui reçoit mandat du peuple pour défendre les intérêts du peuple. Il est un envoyé du peuple et tout ce qu’il fait durant son mandat ne doit se faire sans l’aval du peuple, ou du moins, ce qu’il fait doit être en harmonie avec la volonté du peuple au nom duquel il agit. Il est le représentant du peuple, et de ce fait, il est un homme ou une femme de confiance. Cette confiance est réciproque : le peuple a confiance en lui et il a confiance en son peuple. Mais pour que cette confiance naisse entre le député et le peuple, il aura fallu du chemin.
En effet, la confiance ne se gagne pas du jour au lendemain. Il faut un peu de temps. Il faut avant tout la rencontre qui permet de se découvrir ; cela aboutit à la connaissance de l’autre, ce qui permet d’avoir une vue presque globale de sa personnalité. La connaissance de l’autre facilite les relations et tout cela aboutit à des actions communes et durables. C’est le type de rapport qui doit exister entre le citoyen, candidat à la députation, et le peuple qu’il veut représenter.
Le candidat à une élection législative ne saurait donc sortir du néant et prétendre être celui ou celle qui est apte à bénéficier de l’onction du peuple ; il ne saurait de façon spontanée se saisir du manteau de candidat et aller à la recherche de suffrages électoraux pour assouvir son plaisir d’être l’élu du peuple ; il ne saurait sans aucun militantisme antérieur, sans aucune initiative allant dans le sens de la défense, du relèvement, et de l’amour du peuple, désirer siéger au Palais des gouverneurs. Il doit rassurer qu’il est le serviteur du peuple, qu’il est l’homme du peuple, qu’il est celui ou celle qui est à l’écoute du peuple et saisit au mieux ses besoins actuels et ses profondes aspirations.
2- Contrôle de l’action gouvernementale et le sens de l’anticipation.
Contrôler l’action gouvernementale ne saurait s’entendre comme une surveillance du Gouvernement dans la mise en œuvre de sa politique de développement. Si c’était le cas, on pourrait dire qu’un Gouvernement n’incarne pas l’autorité, c’est-à-dire qu’il n’inspire pas confiance. Le pouvoir exécutif, tout comme celui législatif, est d’abord un pouvoir qui inspire confiance puisqu’il en a été investi par les textes de la République. Contrôler l’action gouvernementale, c’est s’assurer que les décisions que prennent les dirigeants, les stratégies dont ils se servent pour appliquer ces décisions, les ressources dont ils se servent pour conduire à bon port les décisions sont conformes à la politique de développement initialement élaborée, aux normes qui sont contenues dans les textes de loi et impactent véritablement et positivement la vie politique, sociale, économique et culturelle du pays. Dans le cas échéant, il est du ressort du parlement d’encourager le Gouvernement à maintenir le cap.
Mais dans le cas contraire, il revient à l’Assemblée Nationale d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour contraindre le Gouvernement à revoir sa gouvernance et à se conformer à son Programme d’actions en vue d’un réel épanouissement du peuple. L’exercice de cette prérogative législative aide le Gouvernement à veiller à la bonne conduite des affaires publiques. On dit souvent que la peur du gendarme est le début de la sagesse ! Il peut arriver qu’un Gouvernement se trompe dans la prise de certaines importantes décisions. Le rôle du parlement est de remettre ce Gouvernement sur la bonne piste. Le contrôle de l’action gouvernementale s’avère donc tout simplement participative de la bonne gouvernance.
La troisième prérogative du député est celle de légiférer. Les implications de ce rôle sont très profondes. Nous y reviendrons très prochainement.
Extrait de “Législatives de 2023, à qui confier le Parlement béninois ?”, Ouvrage de l’essayiste Mathieu Adjanou, sous presse. mathieuadjanou@yahoo.fr. 97 54 18 88