Les élections législatives du 08 janvier 2023 approchent à grands pas. Moment de réflexion pour l’essayiste Mathieu Adjanou, qui aborde la question de la position des élus parlementaires dans la politique de développement d’un pays.
Dans un extrait de son ouvrage « Législatives de 2023, à qui confier le Parlement béninois ? », il évoque la grande valeur que l’on devait conférer aux députés dans notre société. Une valeur aussi importante que celle du Président de la République, du fait de l’influence qu’ils (les députés) peuvent avoir dans la destinée d’une nation.
Lire l’intégralité de l’extrait ci-dessous.
Élections législatives de 2023 au Bénin
EXHORTATION A L’ENGAGEMENT CITOYEN
Extrait Nº1
Les élections législatives sont-elles aussi importantes que les élections présidentielles dans un pays comme le Bénin où le seuil de pauvreté est élevé ? La majorité des citoyens répondrait par la négation.
En effet, en Afrique en général, et au Bénin en particulier, les populations ne saisissent pas toujours, à sa juste mesure, le rôle irremplaçable du député dans un pays. Le peuple qui donne l’onction semble perdre de vue ce rôle pourtant décisif pour le développement d’un pays. Il a souvent du mal à bien saisir l’apport réel d’un député dans la satisfaction de ses besoins élémentaires : se nourrir, se vêtir, se divertir, se soigner, se loger, s’instruire… S’il est demandé au citoyen de choisir par ordre de priorité, entre le Maire, le Ministre, le Président de la république, le Député, le Préfet, sans doute, pointera-t-il d’abord du doigt le Président de la république, ensuite le Maire, le Ministre, le Préfet et enfin le Député.
Cette hiérarchisation n’est pas moins juste du fait que ces autorités « préférées » sont très visibles et attendues dans la mise en œuvre des actions qui ont un effet direct sur la vie des populations.
En vérité, c’est du ressort du Gouvernement de construire des écoles et d’assurer l’éducation pour tous ; de construire les routes et d’en assurer l’entretien ; de construire les hôpitaux et d’offrir des soins de qualité à prix accessibles ; de construire des marchés et de réguler les prix des denrées ; de fournir de l’eau potable, l’électricité à un coût réduit ; de garantir la sécurité des personnes et des biens à travers les factions des forces de police et de défense, etc. Ces points d’action relèvent bien fondamentalement de la responsabilité directe du Gouvernement, et constituent dans toutes les sociétés humaines, les préoccupations quotidiennes des populations. Puis, dans la conscience populaire et dans le contexte actuel, l’adage « Il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints » trouve tout son fondement. Ainsi, le pouvoir exécutif, dont le chef – le Président de la république – est plus habilité à donner une suite favorable à ces attentes sociales, économiques, politiques et culturelles. C’est cette conviction que nous trouvons peu juste !
En vérité, la question du développement d’un pays n’est jamais l’apanage du Gouvernement seulement, du Président de la république ou encore du Maire. Elle relève aussi du pouvoir législatif, donc des Députés. Tout Gouvernement, pour mettre en œuvre sa politique de développement, a besoin de moyens juridiques. Ces moyens juridiques émanent toujours du pouvoir législatif. Il ressort donc que c’est le député qui offre, dans une certaine mesure, les moyens juridiques au pouvoir Exécutif pour mener à bien son programme d’actions. Mais cette complicité positive entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif n’est toujours pas bien perçue. Cette réflexion s’intéresse à mettre en lumière le rôle irremplaçable du député et du parlement dans la synergie d’actions pour la satisfaction des aspirations des populations.
Le député n’est-il pas en amont et en aval de toute la politique de développement d’un pays ? Son élection, tout comme l’élection du Président de la république ne s’avère pas être un moment capital pour un pays ?
Extrait de « Législatives de 2023, à qui confier le Parlement béninois ? », ouvrage de l’essayiste Mathieu Adjanou, sous presse.