Pour le second numéro de sa rubrique ”Hommage aux anciennes gloires”, Leparakois vous plonge dans le parcours footballistique de feu Soulémane Saïdou dit “Kaolo“, ancien joueur des Lions de l’Atacora, passé par les Buffles du Borgou.
De son vrai nom Soulémane Saïdou, Kaolo était un milieu de terrain à vocation défensive, très rigoureux et pétri de talent. C’était un élément carrément indispensable dans l’équipe des Buffles des années 70-80. Avant de rejoindre les Buffles du Borgou, Kaolo est passé par les Lions de l’Atacora, nous confirme son ancien coéquipier Mohamed Sidi Ali dit Sifroid.
« Kaolo est arrivé chez les Buffles au temps de la société Sonagri. Parce que, c’était la Sonapra qui l’avait engagé comme fonctionnaire et c’est de là, qu’il a intégré les Buffles. Avant Buffles, il jouait avec les lions de l’Atacora. C’est de là qu’il a été repéré par la Sonapra pour venir à Parakou »
déclare-t-il.
Soulémane Saïdou dit “Kaolo“ fut un natif de la ville de Djougou, dans le département de la Donga. Sa passion pour le football le fait très tôt intégrer des équipes de quartiers de la ville. Son aisance balle au pied et sa qualité de frappe lui ont valu une certaine réputation dans la cité des Kpetoni et même au-delà. À cette époque, dans les années 60, il intègre l’équipe local dénommée Etoile de Gorobanni.
Très rapidement, c’est l’équipe des Lions de l’Atacora qui le recrutera pour les matchs de district. Venue à Djougou pour livrer un match amical de préparation contre cette dernière, l’équipe des Buffles est très rapidement tombée sous le charme du jeune Kaolo. Il deviendra une priorité pour l’équipe de Parakou qui tentera le tout pour le tout afin de l’enrôler en son sein. Un choix de carrière qui fut difficile pour Kaolo qui devait sortir de sa zone de confort, nous raconte son épouse, Mme Syanatou.
« Le jour où il apprit la nouvelle de l’intérêt des Buffles à son endroit, il était très confus et ne savait quelle décision prendre. Nous en avons longuement discuté avant qu’ensemble, nous ne prenions la décision de faire le grand saut vers Parakou »
nous confie-t-elle.
Arrivé chez les Buffles, il a gagné petit à petit une place de titulaire indiscutable au sein de cette équipe. Il était considéré comme l’un des maillons forts de l’équipe à cette époque.
« Kaolo, c’était le poumon de l’équipe des Buffles dans le temps. Il n’y a aucun match qu’on devrait jouer sans qu’il ne soit titulaire, car son poste était important. C’était un milieu omniprésent et très efficace. Kaolo était en fait le déclencheur des offensives. Il y a des matchs au cours desquels tout le monde espère que ce soit nous les attaquants qui fassions la différence, mais quand le match devient intense, c’est lui qui prenait les choses en main et nous montrait le chemin »
déclare Mohamed Sidi Ali, alias Sifroid, son ancien coéquipier.
Ibrahim Chabi Mama, actuel vice-président des Buffles et élève au CEG 1 Hubert Maga à l’époque, nous parle de l’homme malgré son jeune âge dans le temps.
« Je l’ai vu jouer alors que j’étais tout petit. Nous étions les ramasseurs de ballon. Moi, j’étais au CEG Hubert Maga et dès que je sortais, que ce soit à 17 h ou à 18 h, j’étais au stade pour suivre les séances. Et on dirait des matchs. Kaolo faisait partie de ces anciens joueurs de l’équipe des Buffles du temps de Boyer Ferdinand. C’était à la fois un défenseur, milieu défensif et parfois latéral, pétri de talent, très teigneux, presque infranchissable. Dans le temps, c’étaient les Kaolo, Guezo, Alassane, Yacoubou dit toutou avec le gardien Anogboyon Eusèbe… Mais kaolo était toujours titulaire. »
se souvient-il.
Le Feu Soulémane Saïdou était l’un des éléments clés de l’équipe des Buffles vainqueure de la Coupe du Bénin en novembre 1982. Ce qui lui a valu, lui et quelque uns de ses coéquipiers, une chanson de la part de l’artiste chanteur, feu Mama Francko, ajoute le CA du 3e arrondissement de Parakou.
« Je me rappelle qu’à l’occasion du titre qu’ils ont décroché le 30 novembre 1982 face aux universitaires, le feu Mama Francko leur a dédié une chanson et dans cette chanson, ce n’était pas le nom de tout le monde qui y figurait, mais le sien y figurait. On disait Eusèbe, prend le ballon et donne à toutou, Toutou donne à kaolo… »
s’en souvient Ibrahim Chabi Mama qui se mit à fredonner ladite chanson.
Malgré les grands noms qui étaient déjà présents dans l’effectif, Kaolo s’est fait une place grâce à son sérieux et son exemplarité.
« C’était un joueur qui était très exemplaire. Il jouait avec le cœur, avec l’amour de la ville. Eux, ils ont joué, pas pour de l’argent. C’est vrai que par la suite, feu Lolo Chidiack, le président emblématique des Buffles, a trouvé un moyen pour les aider et les soutenir financièrement »
a ajouté Ibrahim Chabi Mama.
Comme beaucoup d’autres de ses coéquipiers, Kaolo travaillait pour la Sonagri (actuel Sodeco). L’entreprise où il a continué à travailler même après sa retraite footballistique. En équipe nationale, il a participé à plusieurs phases éliminatoires de la CAN et de la Coupe du Monde.
Un homme discret et travailleur
Soulémane Saïdou dit Kaolo est décédé le 04 mai 2021 des suites d’une courte maladie. Au-delà de sa glorieuse carrière footballistique, ce fut un homme exemplaire selon ses proches. Sa femme, avec qui il eut huit enfants au total, garde de très bon souvenirs de lui.
« Mon époux, malgré quelques petits défauts était quelqu’un de très calme qui aimait beaucoup sa famille et en prenait bien soin. Il ne buvait pas de l’alcool et ne se préoccupait pas trop des plaisirs mondains. Sa passion pour le football était tellement grande qu’il jouait sans vraiment rien attendre en retour. Il était adulé et respecté de tous, ce qui fait qu’il recevait de nombreux fans chez nous, chaque jour que Dieu fait »
se confie-t-elle avec admiration et nostalgie.
Son fils cadet, Mouhamed Bouhari Saïdou, nous parle également de ce qu’il retient de lui.
« Moi particulièrement, je n’ai pas eu l’occasion de le voir jouer mais j’ai beaucoup appris sur lui depuis mon enfance. Entendre non seulement notre mère et des personnes que je rencontre partout au Bénin, parler de lui, témoigne de la grande carrière qu’il a eue. Il suffit de mentionner que je suis le fils de Kaolo, et voilà les éloges qui fusent sur lui en tant que joueur et en tant que personne. Mon père était un homme très discret et bien évidemment un très grand passionné de foot. Une passion qu’il nous a transmise, par la force de la nature. Notre mère nous a suffisamment rendu compte du bel homme qu’il a été ».
Pour finir, il exprime sa douleur quant au décès de son feu père et profite pour lui rendre hommage.
« Son décès fut intensément douloureux autant pour nous, ses enfants, que pour ses proches. L’hommage qui lui a été rendu lors de ses obsèques m’ont fait réaliser qu’il fut parti intégrante autrefois du grand succès de l’équipe des Buffles du Borgou. Je suis fière d’être son fils et mes frères et moi ferons tout pour honorer sa mémoire »
a-t-il conclu.
Aujourd’hui, Kaolo n’est plus là, mais il en a déposé des souvenirs assez instructifs pour la nouvelle génération.